Edmond est Brillant.


Edmond est de ces films dont il est difficile d’en sortir des mots. Edmond était écrit comme un film, il est devenu une pièce sublime pour devenir un film brillant. Alexis Michalik a décidément l’art de surprendre, car même en ayant vu la pièce, son film est tout simplement formidable comme si l'un complétait l'autre.


Mille mots ne vaudront pas grand chose devant ce Edmond qui nous rappelle que le cinéma français est capable de nous proposer des bijoux d’une rare inspiration.
Un bijou fin, à l’humour précis et cisaillé, à l’interprétation théâtrale d’une troupe d’acteurs menée de main de maître par un metteur en scène, mais aussi par un écrivain et un poète, qu’il soit Edmond ou Alexis, les deux le sont.


Edmond rend autant hommage à Cyrano que Cyrano rend hommage à Rostand.


Edmond est de ces films brillant dont la mise en scène atteint par moment l’intemporel, où quand le théâtre fusionne avec le cinéma, où quand le cinéma rend hommage au théâtre.


Inspiré, haletant, brillant, ce Edmond est enivrant d’amour, d’admiration, d’émotion et de dramaturgie. Rythmé à la seconde près, Edmond est une expérience ciné-théâtrale nouvelle. Elle nous offre des points de vue inespérés sur une scène de théâtre. Elle nous offre l’honneur d’être face au public de la première de la mythique pièce. Elle nous suspend aux désespoirs d’Edmond, mais aussi à la magie créatrice de Rostand. Elle nous fait admirer Honoré et moquer Sarah, elle nous fait moquer Feydeau et nous fait admirer Constant.


Le film est tellement brillant qu’il peut se passer de la tirade de Cyrano, nous la faisant vivre dans un couloir, avec l’anxiété d’Edmond Rostand pour ensuite le faire briller dans un acte 5 rêveur, continuant à mêler théâtre et cinéma.


Edmond ne se regarde pas, il se vit. Il se vit comme un film, comme un portrait, comme une histoire d’amour, comme une histoire de famille, comme l’histoire d’une troupe qui va écrire l’Histoire du théâtre français. Les acteurs passent, les scènes aussi, mais le génie reste.


Rien ne sert de s’étendre encore en éloge. Edmond est pour moi une réussite brillantissime qui m’a, pendant 1h50, fait voyager dans l’écriture folle d’une pièce grandiose, écrite en vers, avec de la passion et de l’amour, avec du talent et du désir. On tourbillonne dans la recherche créative d'Edmond, on voyage dans le Paris de la fin du XIXème, on découvre le théâtre de l'époque, les combats des uns, les pistons des autres...On vit cet Edmond !


Edmond est brillamment écrit, brillamment mis en scène et brillamment interprété. On redécouvre, s'il le fallait, la richesse de la langue française.


Edmond est une pépite qui doit briller de mille feux. Il n’aura pas 40 rappels, mais à la fin de ce bijou, je n’avais qu’une seule envie : applaudir comme au théâtre, alors tout simplement, BRAVO !


PS : Le générique de fin est formidable, un objet travaillé, fin et intelligent avec des images d'archives saisissantes de Constant Coquelin.

Halifax

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