Greffer son récit sur la genèse d'une histoire en travestissant la vérité est un exercice louable. L'audace de la chose pourrait donner quelque chose de bon, d’amusant et d'enlever. Seulement si l'idée est là(enfin elle est reprise de Shakespeare in love), la mise en pratique ne s’avère pas aussi simple à réaliser que le pense son auteur. Il ne fait qu'aligner les choses faciles les unes derrière les autres, tout ce dont se sert Rostand pour écrire son Cyrano se trouve sous ces yeux. Il n'a qu'à écrire ce qu'il voit pour pouvoir alimenter sa pièce, la chose est aussi simple que ça. Il s'inspire des autres et de la vie qui l'entoure, donc toutes les tirades les plus connues proviennent soit d'autres personnes. Soit de la correspondance qu'entretient Rostand avec la femme qu'aime son ami. Tout ce qu'il se passe dans la pièce se passe également dans la vie de l'auteur, il y puise constamment car l'inspiration l'a quittée. Là ou le film se devrait de glisser finement les éléments principaux de la pièce, le réalisateur place tout au forceps. L'habilitée de construction manque cruellement. Pour arriver à manier les deux histoires tout en les enchevêtrant il faut savoir finement tisser son récit. L'intelligence doit être présente à chaque secondes que déroule le film. Hors les éléments tombent les uns après les autres du quinzième étage pour s’écraser au sol en éclaboussant tout ce qui se trouve autour. C'est un peu comme si Baroux (le génial réalisateur des Tuche) tentait de faire un film qui se voudrait malin. Ben oui c'est une chose impossible. Edmond est cette chose impossible.


La troupe d'acteurs n'est pas très bonne, le fils de Gourmet qu'il a pistonné pour l'un des rôles joue affreusement mal, mais pas besoin d'accentuer ce mauvais jeu, l'acteur joue mal à la base. Ce mauvais jeu plane sur l’ensemble des acteurs, le fils Leeb ne sait pas jouer la moindre émotion, il caricature tout. La nièce Boujenhah(décidément il n'y a que des pistonnés) a également le même soucis, quand au jeune acteur qui tient le rôle d'Edmond il n'a pas les épaules pour un premier rôle. Son visage affiche tout le temps un air d’ahuri, il fait pense à Daniel Autueil à ces débuts. Quant-il y aura un remake des sous doués(ça arrivera surement vu l'état du cinéma actuel) pas besoin de chercher l'acteur, ils l'ont déjà. On voit que le film a été tiré d'une pauvre pièce de théâtre mal écrite, un peu comme le sont les affreux bouquins du médiocre Emmanuel Schmitt. Edmond à le même problème que pleins d'autres film actuels, il se veut plus malin qu'il ne l'est. Edmond voudrait bien mais il ne peut point.

Heurt
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le 5 juil. 2019

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