Non, ceci n'est pas un film. Non, ceci n'est pas une histoire. D'après le docteur Frankenstein, joué par Vincent Price (dont c'est son dernier film. Tim Burton l'adorait), Frankenstein peut être tout le monde. Sauf que cette bête là s'appelle Edward : il vit dans son monde, reclus, isolé, loin de tous. Composition on ne peut plus admirable de la part de Johnny Depp : une palette de sentiments se dessine tout autour de lui tout au long du film. Ode à la tolérance, à la compassion, à l'amour, mais aussi à la haine, Tim Burton nous fait embarquer dans son navire, plein de tendresse, d'amitié, d'un amour si fort, que sa poésie sort de son film pour nous atteindre. Et cette poésie qui se dégage en nous (oui !), sic, nous la tendons à Edward dans un message de paix qu'il ne peut pas comprendre, mais dont il atteint l'ultime étape en devenant non pas un Homme, mais un être vivant qui vit, qui a ses propres sentiments et donc qui réfléchit à la vie, ce qui laisse entrevoir un final resplendissant à souhait. Véritable pamphlet contre la vie américaine et ses travers, Tim Burton orchestre un fois de plus un ballet magique qui nous emporte plus par raison que par satanisme. "Edward aux mains d'argent" marque la première collaboration entre Johnny Depp et le poète Burton. Suivront "Sleepy Hollow" et "Ed Wood" notamment. Véritable plaidoyer pour l'égalité aux Etats-Unis, Tim Burton s'entoure admirablement bien : Johnny Depp (déjà vu dans "Platoon"), Wynona Rider (vu aussi dans "Beetlejuice"), Dianne Wiest (va se faire connaître ensuite par "L'homme qui murmurait...") et Anthony Michael Hall (qu'on a vu récemment dans "The dark knight"). A VOIR DE TOUTE URGENCE !!!