« Honey we can’t buy necessities of life With cookies. We don’t buy car with cookies »

Pourtant assez fan de Tim Burton et de son univers, je n’avais jamais vu auparavant l’incontournable « Edward scirssorsman » il a donc fallu attendre Disney+ pour ce faire.
Je crois que ce qui m’avait jusqu’alors dissuadé c’est d’abord qu’on en parle comme un grand chef-d’oeuvre puis qu’on insiste sur son côté très très triste. Alors oui mais non, à l’époque je n’avais vraiment pas envie de pleurer puis il a été longtemps dans une pile de liste « à voir .


Dès les premières minutes on entre dans l’univers Burton que l’on aime : merveilleusement et sombrement coloré, loufoque et gloomy avec un décor assez vintage. Le début du film ressemble à s’y méprendre à un conte pour enfant ou un film Disney ce qu’il y a de plus banale. Toutefois, et c’est là que l’on reconnait l’originalité de Burton, on trouve très vite le côté sombre, cynique et parfois narquois. Le réalisateur livre des critiques sans détour avec des images qui font sourire : l’extravagance vulgaire des voisines aux faux ongles habillés de fuschia prêtent à bondir sur le pallier pour apercevoir le nouvel arrivant, la curiosité presque malsaine des voisines, le rejet de la différence, l’idiotie des lycéens…
Somme toute, même quand il représente le mal, Burton le fait de manière décalée et presque enfantine, empruntant aux images colorées, un ton inoffensif pour mieux pointer du doigt les tares humaines : curiosité, vie très superficielle des ménagères, avarice, jalousie, haine…)


Le personnage d’Edward accueilli dans sa nouvelle famille à un caractère particulier : étrange, dérangeant et pourtant si bon. Peu bavard, il semble pourtant beaucoup communiquer de par sa créativité et sa gentillesse. Aussi les personnages semblent volontairement mal ou peu nuancés comme pour mettre d’avantage en lumière l’étrangeté d’Edward qui ne sied pas à ce monde alors même que tout le monde l’accueillerai.
L’histoire d’amour entre Edward et Kim est malheureusement trop peu exploitée aboutissant à faire ressembler ce film à un film de Noel mais la succession de scènes tantôt drôles, tantôt entrainantes, des péripéties d’Edward attirant la sympathie des voisins rattrape le tout, pour nous plonger dans l’histoire dans laquelle on prend plaisir à être.
Edward Scissorman c’est donc à la fois un film entrainant, drôle et attendrissant.
Au fur et à mesure que l’intrigue avance on sent les sentiments des voisins changeants et la tension palpable : on se demande jusqu’à quand Edward va t-il jouir d’un si bel accueil ? Finalement les voisins semblent être la comme pour critiquer l’opinion publique volubile : à partir du moment ou les choses se gâtent pour Edward, le voisinage, pourtant si aimant, jusqu’alors lui tourne le dos. L’enthousiasme de la venue de l’étranger est vite remplacée par une défiance à son état.


Cette oeuvre est pleine de clichés au détour desquels le réalisateur s’amuse lui même à parodier ses propres personnages un peu comme le ferait Tarantino, en poussant à son paroxysme par exemple la cruauté du garçon populaire du lycée qui aboutit à une haine féroce et un mauvais coup. ( La méchante fille jalouse de "Carrie" de Stephen King qui fait tomber le seau sur Carrie n’a qu’à bien se tenir!)


Finalement, on trouve une fin plutôt belle que triste, même si, l’on ne peut pas s’empêcher de rêver à ce qu’aurait pu être la vie d’Edward sans l’incident. C’est donc une fin ou nous sommes attristés par la fatalité qui s’abat sur notre personnage : être particulier et hors du commun est aussi souvent synonyme de rejet et d'interminable solitude. Toutefois on y trouve aussi une belle image de l’amour, et des liens forts qui demeurent éternels et intacts dans nos mémoires, qu’importe l’issue de nos relations.
Une très belle oeuvre de Burton. Un classique incontournable : drôle, loufoque, attendrissant et pour tout âge.

Clawdia
8
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le 12 oct. 2020

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Clawdia

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