Effets secondaires par Moonrise

Le concept était pourtant intéressant. Les effets secondaires des médicaments à première vue, ça peut paraître un peu ennuyeux, pourtant ce sujet, jamais abordé, ouvre une mine de perspectives, sur la folie, sur l'emprise de la médecine sur notre quotidien, ou encore sur l'honnêteté de l'industrie pharmaceutique.

Le début du film va d'ailleurs dans ce sens, en nous plongeant un drame survenu à cause de ces fameux effets secondaires. La dépression de la patiente est bien dépeinte, accompagnée par une caméra sombre et une atmosphère à la fois lugubre et confuse. L'antagonisme qui oppose ce personnage féminin à celui de Jude Law, le psychiatre, dessine une dimension dramatique qu'il aurait été intéressant d'assumer jusqu'au bout : à qui attribuer la responsabilité de tels effets ?

Las ! Plutôt que de suivre ces pistes inhabituelles, Soderbergh préfère revenir sur les sentiers battus du thriller.
L'intrigue est bien menée, pourtant la déception est patente et, pour peu qu'on connaisse un peu le genre, son aboutissement a un goût de déjà vu. Le revirement surprend, mais cela se fait aux dépens du traitement du sujet de base et de la psychologie de certains personnages, mués en manipulateurs comme on en voit fleurir un peu partout dans les oeuvres de fiction.

Dans le final, le thème des effets secondaires des médicaments est de nouveau abordé, mais comme un simple clin d'oeil au titre ou au début du film, comme pour nous rappeler qu'il ne s'agissait en fait que d'un détail, qui était là pour cacher une machination tout autre. Dommage, car si le film ne nous amène pas où on l'attendait, c'est pour autant ici loin d'être un gage d'audace.