El
7.4
El

Film de Luis Buñuel (1953)

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Le montage, la musique et l'atmosphère sont d'excellente tenue. Les personnages, en revanche, manquent de profondeur. Quand bien même la représentation de la situation conjugale et la peinture du délire paranoïaque (par scènes successives et crescendo dramatique) de jalousie sont réalistes, on ne s'attache ni à l'un ni à l'autre. Les motivations ne sont pas assez construites, les interactions sont cousues de fil blanc... Mollesse de caractérisation, dialogues médiocres (sauf le dîner de la rencontre, à propos du coup de foudre, et les tentatives de fuite de Gloria peut-être). Il aurait été si facile de donner quelque cause à la jalousie de Francesco, de le rendre plus aimable pour créer de l'empathie, de rendre le comportement de Gloria plus ambigu, moins lisse, que le spectateur doute du bien-fondé de ses soupçons quand à la maladie qui se révèle peu à peu, au lieu de la voir se dérouler sans surprise. Ne s'attachant pas aux personnages par défaut scénaristique, les conflits internes et externes laissent trop indifférents. Quelques détails sont traités avec nonchalance qui auraient pu être mieux travaillés: scène du début, le lavement des pieds à l'Eglise, fascination obsessionnelle et fétichisme, puis retour des pieds une ou deux fois sans vraie conséquence ou intégration dramaturgique, symbolisme avorté. Quant à la psychologie du personnage principal, elle est de carton-pâte, comme en témpigne cette scène caricaturale de mégalomanie misanthrope en haut de l'Eglise, bien loin du Vertigo hitchcockien à laquelle elle fait bien sûr penser. Il manque aussi de la facétie ou de l'humour.
Reste un rythme, une qualité de mise en scène, une belle unité de lieu avec les décors de cette grandiose bâtisse qui s'accordent bien avec le sujet.

Créée

le 4 déc. 2017

Modifiée

le 6 déc. 2017

Critique lue 412 fois

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