El Camino - Un film Breaking Bad
6.4
El Camino - Un film Breaking Bad

Film VOD (vidéo à la demande) de Vince Gilligan (2019)

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El Camino ! A l'annonce (surprise) de ce film, pour ma part, l'enthousiasme primait... Sans doute un enthousiasme primaire, celui de replonger dans l'atmosphère d'une série que j'ai regardé, à maintes reprises, au point d'en connaître chaque scène et d'avoir eu le temps de contempler avec admiration chaque pièce du puzzle qu'est cette fabuleuse intrigue menée par Vince Gilligan dans Breaking Bad.


Pour autant, l'enthousiasme se doit être qualifié de primaire car, en allumant Netflix hier pour le tant attendu visionnage, je n'avais strictement aucune idée de ce qui allait être raconté durant ces deux heures. Alors, vient poindre une pointe d'appréhension : celle de voir un film qui n'a pas grand chose à raconter tant tout l'a déjà été.


La série, il faut bien le dire, s'était arrêtée sur un feu d'artifice avec deux derniers épisodes fantastiques - Ozymandias et Felina - venant, qui plus est, couronner cinq saisons de très haute volée. Alors, on peut estimer que la fuite de Jesse s'apparentait à un semblant de cliffhanger le concernant, mais à l'échelle de la série, tout semblait parfaitement bouclé, comme un magnifique château de cartes sur lequel il est proscrit d'ajouter une carte, sous peine de voir l'édifice s'effondrer.


Alors, au moment de pénétrer sur le chemin, il y avait tout de même une forme d'appréhension, en définitive (appréhension uniquement calmée par le label Vince Gilligan, synonyme indéniable de qualité, à mes yeux). Mais bref, légitimement, on peut se demander : est-ce que tout le travail sur Breaking Bad ne serait pas légèrement gâché par une suite ? Pour ma part, la réponse sera nuancée.


Cependant, le sentiment qui domine au terme du visionnage pourrait se résumer à : "bon, et alors ?"


Une suite est censée apporter une plus-value, voire combler un certain vide. Ce vide, avec Breaking Bad, je ne l'ai jamais ressenti car chaque re-visionnage m'apprenait à voir différents angles de l'intrigue et à mieux comprendre comment le tout est ficelé. D'un point de vue scénaristique, on n'en fait le tour que très tardivement. Cette suite de vie de Jesse Pinkman ne me semblait guère primordiale, et pourtant, j'apprécie beaucoup ce personnage.


Mais, en écrivant cette critique, je me rends compte qu'au final le prisme de Breaking Bad est bien trop important pour pouvoir laisser une place à cette suite. Ce film, en lui-même, reste de bonne facture ; associé à Breaking Bad, il devient terne.


Tout au long du film, on se retrouve à suivre un Jesse - logiquement - vidé par toutes les expériences vécues aux côtés de Walter mais cela déteint trop sur le film qui, à son tour, devient assez vide. Par ailleurs, on assiste à la fuite du protagoniste ; mais, à aucun moment je n'ai réussi à percevoir un véritable instant d'urgence. Arrivé à ce point, on a presque l'impression que Jesse, de toute façon, puisque le film est centré sur ça - et uniquement sur ça -, s'en sortira et parviendra en Alaska, telle fut la promesse dans le bureau de Saul, avant les derniers rebondissements dans Breaking Bad.


Puis, force est de constater un manque de charisme du côté des antagonistes qui ne sont, au final, que de petits escrocs, loin du boss en la matière Gus Fring, de l'excellent Tuco ou de son Tio ou même du groupe de néonazis. Aussi, le prisme de la police, de la DEA, qui est une des forces de Breaking Bad à travers Hank, est inexistant dans ce film. Et, même les acolytes de Jesse, Badger et Skinny Pete, cautions sympathiques de la série, ne sont que trop éphémères et ne servent que de rampe de lancement à une fuite qui ne connait aucun éclat.


En bref, le film demeure assez mou, avec un Jesse trop maître des événements, assez supérieur intellectuellement (du moins, en habileté ; le duel face au mec en est une des marques) - l'influence de Walt, certes - à tous ceux qu'il rencontre. A aucun moment, je n'ai vraiment ressenti un profond intérêt dans ce film. A chaque instant, j'étais - peut-être trop - en attente d'un éclat, d'une magnificence scénaristique, d'une péripétie grandiose, bref, de ce qui a fait le sel de Breaking Bad durant toutes ces années.


Et puis, l'absence (logique) de Walter exacerbe cette impression de vide et la scène-flashback où il apparaît demeure peut-être la meilleure scène (avec celle de Jane), ou - du moins - nous rappelle que nous sommes dans une suite de Breaking Bad mais devient vite anecdotique, presque du fan-service.


En conclusion, la magie Gilligan n'aura pas opéré sur moi tant elle fut puissante tout au long de sa série. El Camino devient une impasse relativement oubliable à côté du mastodonte qu'est et que restera, encore une fois, Breaking Bad.

Ruzteiger
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le 13 oct. 2019

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