C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe

Je note 10/10, mais je considère quand même que ce film est légèrement inférieur à Rio Bravo, mais très légèrement... Attention, ce n'est pas un bis repetita non plus, Howard Hawks est tellement doué qu'il réussit à refaire pratiquement le même film que son Rio Bravo en se renouvelant. Soyons clair : sans être un remake rigoureux de Rio Bravo, disons que El Dorado , comme d'ailleurs Rio Lobo qui suivra 3 ans plus tard, s'inspire volontairement du chef-d'oeuvre tourné en 1959 par Howard Hawks avec John Wayne et Dean Martin. Une nouvelle fois, Hawks décrit l'amitié virile de 2 hommes, leur profonde camaraderie en face du danger, les relations entre 2 générations (James Caan tenant pratiquement le même rôle qu'avait Ricky Nelson dans Rio Bravo, à la différence que ce dernier était un sacré pistolero et que Caan ne sait pas tenir un revolver), de même que Arthur Hunnicutt tient un emploi de vieux renard attachant à peu près semblable à celui qu'avait Walter Brennan.
Mais le sujet n'a guère d'importance, Hawks change plein de choses et brode sur ce thème toute une série de variations où il s'amuse à faire dégringoler de leur piédestal ses personnages, les 2 stars Wayne et Mitchum incarnent des héros vieillis et diminués, et le règlement de compte final n'a pas le panache de celui de Rio Bravo. Tout ceci n'est qu'un fond qui sert une histoire un peu modifiée, un contenu un peu moins sérieux, où le réalisateur livre une grande leçon de cinéma sur le monde du Far West teinté par l'humour inimitable que possédait Hawks, notamment dans les scènes où Mitchum a des nausées suite à la mixture que lui a fait avaler Caan, et aussi la scène où il se retrouve à poil dans un baquet de flotte devant lequel tout le monde défile comme dans un hall de gare.
A l'image d'Angie Dickinson dans Rio Bravo, Charlene Holt et Michele Carey portent la marque indiscutable des héroïnes hawksiennes, même si elles ont moins d'éclat qu'Angie. Dans le reste de l'interprétation, je retiens Christopher George qui campe Nelse McLeod le méchant, mais qui est un peu sous-utilisé.
Plein d'humour, riche en scènes d'action et morceaux de bravoure, El Dorado est une brillante variation sur un thème déjà abordé par Hawks, un western légendaire, dirigé de main de maître, à ne pas manquer.

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le 28 déc. 2016

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Ugly

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