C'est au sommet de la Cordillère des Andes, qu'on se sent le plus influençable

Mon envie de voir El Presidente, était dû à la présence de Ricardo Darin dans le rôle titre. Une source de motivation suffisante, tant l'acteur est toujours impeccable. Vu son titre, je me doute que cela va se dérouler dans les arcanes du pouvoir, mais pas seulement. Le prenant thriller géopolitique, va doucement glisser vers le drame psychologique avec une touche de fantastique. Une tentative de mélange des genres, intéressante, qui ne va pas tenir toutes ses promesses.


On entre dans le palais présidentiel par la petite porte. La caméra de Santiago Mitre se glisse dans les couloirs étroits de la Casa Rosada, en suivant le personnel entrain de s'affairer, avant de grimper les étages et de nous amener au cœur du pouvoir exécutif. L'heure est grave, l'ancien beau-fils du président argentin (Ricardo Darin), menace de faire des révélations à la presse. Ce chantage a lieu, alors que le président se rend à un sommet au Chili rassemblant l’ensemble des chefs d’état latino-américains. C'est un moment crucial pour cet homme de pouvoir, dont le peuple et les médias, doutent de sa capacité à être à la hauteur de sa fonction.


C'est assoupi dans l'avion présidentiel, que l'on découvre pour la première fois Hernan Blanco. Il ne donne pas l'impression d'être un président, mais juste un homme ne semblant pas à l'aise dans son costume. Le sommet est au centre des débats, surtout que la presse dresse un portrait peu élogieux à son encontre. Il est à un tournant de sa présidence.


Le film prend son temps. Après la présentation du président et de ses proches, il pose le décor; en l’occurrence un hôtel isolé de la Cordillère des Andes; avec ce sommet qui est au centre de toutes les attentions. Les jeux de pouvoirs et d'influences se font ressentir, à travers le président mexicain (Daniel Gimenez Cacho), voulant une alliance avec le président argentin pour faire front face au président brésilien (Leonardo Franco). Un choix politique se faisant sous l'influence des Etats-Unis. On pense que la trame est enfin bien définie, que nous allons assister à des discussions à couteaux tirés, des trahisons, des retournements de situation et autres coups bas, pour nous démontrer que ceux qui nous gouvernent, sont des sociopathes. C'est pourtant à ce moment-là, que la fille du président argentin, Marina Blanco (Dolores Fonzi), fait son entrée et va modifier le cours des événements.


Le visage de Marina Blanco est marqué, elle ressemble à Regan McNeil (Linda Blair) dans L'Exorciste. Ce sentiment va se confirmer avec l'apparition d'un psychologue (Alfredo Castro), faisant penser au Père Merrin (Max von Sydow). La jeune femme est psychologiquement fragile, d'ailleurs, elle va faire une tentative de suicide dans cet hôtel isolé qui commence à avoir des airs de l'Overlook dans Shining. Pour la soigner, il va avoir recours à l'hypnose. Ce qui va en ressortir, va faire vaciller son père. Mais est-ce la vérité où une tentative de manipulation?


L'ombre maléfique des Etats-Unis plane sur ce sommet, à travers son émissaire (Christian Slater). Un pays faisant souvent preuve d'ingérence dans leurs affaires et ne reculant devant rien, pour parvenir à leurs fins. On les soupçonne d'être à la manœuvre pour déstabiliser le président, par tout les moyens possibles. En cela, la fin est frustrante. Certes, elle ouvre à diverses interprétations, mais elle est tellement abrupte, que cela nous laisse dans l’expectative face à un homme, semblant être devenu un pantin de plus, entre les mains des gringos.


Ricardo Darin est à la hauteur de mes attentes, il ne me déçoit jamais, contrairement à cette oeuvre hybride, malgré la mise en scène de Santiago Mitre. C'est élégant et prenant, puis cela finit par s'éparpiller, en donnant l'impression de ne pas être totalement maître de son sujet. A la fois décevant, mais pas dénuer d’intérêt.

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le 16 janv. 2018

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Laurent Doe

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