Dans un restaurant en bord de mer, des politiques espagnols savourent bruyamment leurs succès. L’ivresse du pouvoir et de l’impunité. Mais la télévision claironne l’engagement d’un homme chargé de mettre de l’ordre dans les affaires de la région. Des têtes vont tomber.
« Avant de craindre tes ennemis, méfie-toi de tes collègues de parti. Ils sont bien pires. » Au fil des révélations, Manuel López-Vidal – l’excellent Antonio de la Torre – ne peut que confirmer l’adage en se retrouvant rapidement au centre de la cible. A quel saint se vouer ? Les camarades d’hier sont les traîtres d’aujourd’hui. Les badauds invisibles jusqu’alors deviennent des témoins gênants, pire, de potentiels espions. Point sensible, donc faible, la famille proche doit s’éloigner. Si la fin du règne est annoncée, que la chute soit lente et collective. « Je ne tomberai pas seul », se persuade le politicien. Que Dieu lui pardonne !
Dès les premiers instants, la caméra s’accroche à cette nuque proprement dégagée. Elle ne la lâchera plus. La silhouette n’est pas grande, mais impose sa solidité. La musique pulsée rappelle les battements d’un cœur à l’affût, vif, intranquille. Les plans-séquences se succèdent et prennent un plaisir malin à décrire la spirale de l’échec dans laquelle s’enfonce notre antihéros. Une clé maladroitement dissimulée ; un enregistreur finalement découvert ; cette porte qui lui résiste. Au risque de fragiliser la crédibilité de l’ensemble, le tempo s’emballe, marquant l’impatience du personnage et un crescendo dans l’angoisse. Péché d’orgueil, vengeance personnelle ou quête primaire de justice, la frontière devient floue. L’homme pressé s’arrête enfin de courir pour un duel au soleil des projecteurs. Flèches assassines, les bonnes questions lui sont posées. Mais en ce monde où la corruption s’insinue dans la moindre faille, celles-ci resteront sans réponses. Le roi est mort, vive le roi !
8/10
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