2009 : Gianfranco Rosi découvre l'article de Charles Bowden intitulé "The Sicario" et veux en faire un film. Petit problème : comment filmer un homme recherché par le cartel mexicain sans le (se ?) mettre en danger ?


Tout le génie de Rosi repose sur sa mise en scène : obligé de filmer dans un endroit unique et sans montrer le visage de son personnage, le cinéaste va tirer avantage de ces contraintes. Quelle réussite ! S'il faut un huis-clos, ce sera une chambre de motel où le Sicario a torturé des dizaines de personnes ; s'il ne doit pas montrer son visage, il le cachera mais filmera un carnet se remplissant au fur et à mesure de dessins, fait par la main du Sicario lui-même, qui agiront comme un purgatoire à la fin du film. Si le procédé connaît ses limites sur la longueur, force est de constater qu'il prend un parti pris visuel assez fort, renforçant l'histoire déjà incroyable du Sicario.


Car, au final, la grande force du film est dans cette tranche de vie, ce récit sans concessions où le Sicario aborde, de manière froide pour ne pas dire professionnelle,les différentes méthodes de torture existantes, le degré de corruption de la police mexicaine et deux-trois kidnapping qui ont duré des semaines. Parce qu'on ne voit rien, parce que le Sicario remet en scène dans le vide, le spectateur est contraint d'entendre les dires du protagoniste, bon gré mal gré, et de découvrir dès lors un monde impitoyable où s'enchaînent les cadavres de manière presque statistique. Brutal, le film l'est dans son propos, jusqu'à ce final où le Sicario raconte avec force et passion sa découverte de Dieu et sa soif de rédemption - laquelle le conduit inexorablement vers une mort certaine.


Brut et brillant, preuve qu'un personnage fort est essentiel à un film documentaire mais également qu'une bonne mise en scène peut faire beaucoup, El Sicario - room 164 est une claque à tous points de vue.

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le 11 sept. 2016

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