Comment dit-on "Parrain" en Hongkongais?
Connu comme le loup blanc à Hong-Kong, où il est un réalisateur reconnu depuis la fin des années 80, Johnnie To n'aura franchi nos frontières qu'à l'aube des années 2000 avec l'excellent The Mission. Profitant de la vague d'intérêt pour le cinéma asiatique qui a déferlé sur le vieux continent en même temps qu'un certain Matrix, il s'est solidement implanté parmi les auteurs reconnus chez nous, au point de tourner en 2009 avec un autre Johnny, le notre, le vrai, Mister Hallyday en personne. Sortis dans nos vertes contrées en 2005 et en même temps, son duo Election en a fait l'égal des grands cinéastes de films criminels, à l'instar d'un Scorsese ou d'un Coppola.
La comparaison avec la fresque familiale de ce dernier est facile tant les points communs avec Le Parrain s'imposent d'emblée. Ici, nous ne sommes pas dans la mafia italienne mais au cœur de la triade, qui se retrouve avec un épineux problème à régler : comme tous les trois ans, il faut élire un nouveau boss à la tête de l'organisation. Une position qui, bien entendu, attire les convoitises de plusieurs individus pas forcément recommandables. En l'occurrence, s'affrontent comme candidat au poste suprême deux individus aux méthodes (à priori) opposées, le calme Lok et l'ultra violent Big D. Et il ne suffit pas ici d'envoyer 1 ou 2 par SMS pour en favoriser un...
Johnnie To filme ces affrontements à distance avec régal, sa mise en scène inventive et souple est un véritable atout dans le film, qu'il choisisse de montrer des réunions de famille ou des scènes de bagarre d'un souffle rarement égalé dans un film de genre. Il est également capable d'instaurer un suspense à couper au couteau avec presque rien, lors d'une scène à un feu rouge qui risque de faire craquer plus d'un accroc aux sensations fortes.
S'opposant derrière la caméra, deux grands messieurs du cinéma hongkongais, Simon Yam, habitué du réalisateur, est glaçant dans le rôle de Lok, tandis que Tony Leung Ka-fai joue les boules de nerf survoltées, pendant asiatique du Joe Pesci des Affranchis ou de Casino.
Superbe film de genre hongkongais, démontrant une fois de plus toute la maîtrise de la caméra de Johnnie To, cette plongée au cœur de la triade est à ne surtout pas manquer pour les amateurs de gangsters.
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