Election 1
7.2
Election 1

Film de Johnnie To (2005)

On a beau être prévenu, savoir que ça va faire mal et on ne peut qu'être impressionné par les explosions de violence qui ponctue le film avec un froideur et une absence morale perturbante.
Évidement le film ne se réduit pas à ces quelques scènes qui vous glacent le sang dans votre fauteuil mais c'est ce point qui demeure quoiqu'il en soit le plus en mémoire.


Cependant le film ne manque pas du tout d'autres qualité à commencer par la mise en scène toujours aussi élégante et classieuse de To qui pour sa rigueur mathématique, sa photographie sombre et stylisée (une véritable claque elle aussi), ses personnages désincarnés et son traitement de la violence viscérale et direct se rapproche de plus en plus de Melville.
Son talent explose littéralement dans son découpage et son cadrage qui culmine dans la baston nocturne autour du spectre et du cache de cache muet qui précède.
Son rythme lent mais jamais ennuyant alterne moment de pur suspension (une voiture arrêté à un feu rouge, Big D assis seul dans un resto, des hommes derrière des barreaux) et donc explosion brutales qui parviennent toujours à surprendre alors qu'on les attend (parfois au mauvais moment).


Le scenario est un peu complexe à saisir je pense pour ceux qui connaisse mal ce milieu ou l'histoire récente de chine. Il faut donc un peu s'accrocher pour rentrer dans l'histoire mais une fois les rivalités misent en place, le film prend une allure passionnante où les 2 hypothèques chef placent leurs pions avec une précision digne d'un jeu d’échec.
C'est aussi une métaphore osée de la politique actuelle de la chine en même temps qu'un document saisissant sur les mafia chinoises.
Finalement l'histoire se rapproche grandement de sa musique. Sur une mélodie simple vient se développer rapidement un grand nombre de variation du thème qui en fait toute la richesse thématique.


Les acteurs sont tous impressionnants dans leurs sobriétés et leurs retenus qui deviennent d'autant plus menaçant qu'ils ont souvent le visage plongé dans l'obscurité avant qu'un autre cadrage viennent nuancer cette vision.
Ce passage de la lumière à la noirceur crée presque un deuxième montage dans le montage (qui aurait pu intercesseur Eisenstein) en même temps qu'il reflète l'amoralisme de l'histoire.


Et puis parce To est To le film se permet quelques notes décalé et presque surréaliste qui tourne l’univers mafieux avec une dérision assez étonnante (quelques notes d'humour, un générique de fin canto-pop et surtout une longue scène cérémonial).


Bref, Johnnie To continue de se montrer toujours aussi passionnant de films en films et demeure l'un des cinéastes les plus stimulant du moment.


(critique rédigé en 2007)

anthonyplu
8
Écrit par

Créée

le 10 avr. 2020

Critique lue 116 fois

1 j'aime

anthonyplu

Écrit par

Critique lue 116 fois

1

D'autres avis sur Election 1

Election 1
SanFelice
7

Diplomatie mafieuse

L'élection qui donne son titre au film, c'est celle du président de la Wo Sing Society, qui est une des principales triades hong kongaises, président qui est élu par les caciques pour un mandat de...

le 19 mars 2014

32 j'aime

1

Election 1
IllitchD
9

Critique de Election 1 par IllitchD

Election nous plonge dans une élection bien particulière, celle d’un chef de triade qui doit se faire élire démocratiquement par ses pairs. Et comme en temps d’élection, les candidats font leur...

le 6 févr. 2013

21 j'aime

4

Election 1
Docteur_Jivago
7

Au coeur des triades

Tous les deux ans, les "oncles" d'une des plus anciennes triades de Hong Kong élisent un nouveau chef, mais la rivalité entre deux nouveaux candidats est de plus en plus forte et risque de...

le 24 oct. 2016

20 j'aime

Du même critique

A Taxi Driver
anthonyplu
7

Maybe you can drive my car

L'ancien assistant de Kim ki-duk revient derrière la caméra après 6 ans d'absence. Il porte à l'écran une histoire vraie, elle-même plongée au cœur d'une page sombre de l'histoire sud-coréenne soit...

le 22 oct. 2017

16 j'aime

1

Absences répétées
anthonyplu
9

Absences remarquées

N'ayons pas peur des mots : voilà un chef d'oeuvre déchirant. C'est une sorte de cousin Au Feu follet de Louis Malle avec cette solitude existentielle et son personnage dans une fuite en avant vers...

le 8 oct. 2014

11 j'aime

2

The Crossing Part 2
anthonyplu
6

Comment créer une voie d'eau en voulant éviter l'accident

Grosse panique à bord après l'échec cuisant du premier épisode. Pour essayer de ramener le public dans les salles pour ce second opus, le film a été fortement remanié : reshoot et remontage en...

le 5 juil. 2017

9 j'aime