Mark Hartley fait à nouveau du jouissif avec ce condensé d'action / exploitation débordant de toute part. Après les excellents et pointus Not quite Hollywood sur l'exploitation australienne et Machete Maidens unleashed sur l'exploitation philippine, il remet ça avec l'histoire de la Cannon des deux cousins israëliens et margoulins de l'extrême Menahem Golan et Yoram Globus avec toujours ce rythme explosif parfaitement représentatif de son amour du cinéma de genre 70s et 80s de seconde zone et un line-up d'intervenants parfaitement choisis.


Évidemment, aujourd'hui, on trouve normal que les films Cannon soient tous sur Nanarland mais à l'époque, c'était (presque) bon ! D'ailleurs Hollywood n'a jamais su quoi faire face aux deux lascars qui produisaient à la chaîne des feux d'artifice dans ta g.... Perplexe quant au succès international foudroyant de leurs bouses, que ce soit au cinéma comme en vidéoclub, Hollywood n'a pu depuis que prendre modèle ! Car Golan et Globus, c'est l'ultime voie du cinéma rentable, celle qui te dit depuis toujours "fais tout péter, fuck la cohérence ! Et mets des stars dans tes merdes, ça sent tout de suite meilleur !" Et tout le monde a suivi. Même si la profession se gausse de ces deux charlatans, ils ont bien réussi à métamorphoser l'industrie en osant l'outrance sans relâche, bardés d'une foi nanarde si pure qu'ils ont toujours été persuadé de faire des chefs d'oeuvre, enfonçant profondément l'idée qu'un cinéma spectacle et foutraque fait à la va-vite, ça marche.


Ils ont révolutionné l'industrie du cinéma en survendant n'importe quoi, mais avec un certain standing malgré tout.


Parce que sans rire, Cyborg et Over the top à l'époque, c'était (presque) de grands films (!), particulièrement sur une jeune âme malléable en manque de repères qualitatifs. L'invasion vient de Mars et Lifeforce, ça déchirait d'obscurantisme ! Invasion USA et Un justicier dans la ville, ça explosait tout quotas badass !


Le logo Cannon, c'était pas de la rigolade, presque le même genre de respect qu'un logo de console de jeu à l'allumage (presque...). Golan Globus, c'était la porte ouverte sur un monde rêvé et chamarré d'action futuriste, d'explosions, de seins nus, de sueur et de violence et c'était bien meilleur signe qu'un logo Vestron, Eurocine ou tout autre post-apo italien. Ce budget correct qui fait illusion, ce grain saturé 80s et cette action généreuse, c'était la promesse d'une ambiance de blockbuster américain tous les jours dans ton magnéto (presque). "C'est pas tout à fait ça mais ça charcle, c'est cadeau !"


Ça donnerait presque envie de revoir toutes ces merdes tellement c'est bien fait.


Par contre, ne pas parler de Bloodpsort, c'est bizarre parce que c'est sans doute une de leur plus grosse locomotive, bien plus que Cyborg encore. Je tiens à spéculer sur le fait que Menahem a surement vu Retour vers l'enfer juste avant de pondre Portés disparus, c'est trop flagrant pour n'être qu'une coïncidence.


N'empêche que nos blockbusters d'action sont souvent les films Cannon d'aujourd'hui, du n'importe quoi en barre. Les effets numériques sont le maquillage de luxe qui remplacent le latex, le carton et l'explosif. Jusqu'à un certain point, c'est super rentable. À un moment, ça s'autodétruit normalement.


Mais la Cannon, c'est aussi pas mal de classiques indépendants confectionnés par des réalisateurs de marque (Godard, Altman, Cassavetes, Zeffirelli, etc) qui ne disaient pas non à un espace de liberté, et quelques succès qui subsistent comme Breakin' qui reste un sacré coup de poker capturant parfaitement la culture breakbeat au moment idéal ou encore Runaway Train que je vais m'empresser de revoir.


Et donc, les films abordés sont (une sacrée brochette de nanars) :


10 to midnight (Le Justicier de minuit) 1983
Alan Quaterman and the last city of gold (Allan Quatermain et la Cité de l'or perdu) 1987
America 3000 1986
American Ninja (American Warrior) 1985
American Ninja II (Le Ninja blanc) 1987
Avenging Force (American Warrior 2: Le chasseur) 1986
The Apple (BIM Stars) 1980
Barfly 1987
Bolero 1984
Breakin' (Break Street 84) 1984
Breakin' 2: Electric Boogaloo 1987
Body and Soul (Corps et âme) 1981
Cyborg 1989
Death Wish II (Un justicier dans la ville 2) 1982
Death Wish III (Le justicier de New York) 1985
Death Wish IV (Le Justicier braque les dealers) 1987
Delta Force 1986
Enter the Ninja (L'implacable ninja) 1981
Exterminator 2 1984
Fool for love 1985
Going Bananas (Mon aventure africaine) 1988
The happy hooker goes hollywood 1980
Hercules (Hercule) 1983
House of the long shadows (Le manoir de la peur) 1983 [Peter Cushing / Vincent Price / John Carradine / Christopher Lee]
Invaders from Mars (L'invasion vient de Mars) 1986
Invasion USA 1985
Journey to the centre of the earth (Voyage au centre de la Terre) 1988
King Lear (Godard) 1988
Kinjite : forbidden projects (Kinjite, sujets tabous) 1989
Lambada 1990
The Last American Virgin 1982
Lemon Popsicle (Juke Box) 1977
Love streams 1984
Masters of the Universe (Les Maîtres de l'Univers) 1987
Mata Hari 1985
Messenger of death (Le messager de la mort) 1988
Missing in Action (Portés disparus) 1984
Missing in action 2 : the beginning (Portés disparus 2) 1985
New year's evil 1980
Ninja III : the domination 1984
Otello 1986
Over the Brooklyn bridge 1983
Revenge of the ninja (Ultime Violence) 1983
Runaway Train 1985
Sahara 1983
Salsa 1988
Schizoid 1980
Texas Chainsaw massacre 2 (Massacre à la tronçonneuse 2) 1986
That championship season 1982
Treasure of San Lucas (Le trésor de San Lucas) 1987
X-Ray (Hospital Massacre) 1982


A cry in the dark (Un cri dans la nuit) 1988
Beat Street (concurrent de Breakin' chez Orion pictures) 1984
Joe 1970
King's solomon mines (Allan Quatermain et les mines du roi Salomon) 1985
Lady Chatterley's lovers (L'amant de lady Chatterley) 1981
Lifeforce (Lifeforce - L'étoile du mal) 1981
Operation Thunderbolt 1978
Over the Top (Over the Top - Le bras de fer ) 1987
The Wicked Lady (La dépravée) 1983

drélium
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le 12 nov. 2015

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