Après s'être penché avec brio sur le cinéma de genre australien pour les besoins de son excellent Not Quite Hollywood, Mark Hartley nous revient plus gonflé que jamais avec Electric Boogaloo, auscultation du parcours romanesque de la célèbre Cannon.


A partir d'un montage frénétique, d'images d'archives précieuses et d'interviews passionnantes et riches en anecdotes croustillantes (autant dire que la star Sharon Stone n'en sort pas grandis), Mark Hartley esquisse le portrait fascinant de Menahem Golan et Yoran Globus, deux cousins israéliens ayant soif d'en découdre et d'amasser les dollars qui, après avoir sorti momentanément l'industrie cinématographique de leur pays de la torpeur qui l'habitait, prendront d'assaut Hollywood par les couilles et imposeront leur façon bien particulière de faire du business.


Grâce à la multiplicité des points de vue, Electric Boogaloo offre une nuance et une complexité bienvenues à ce qui aurait pu tomber dans l'hommage pontifiant ou inversement. Bien au contraire, les deux moguls nous sont présentés dans tout leur paradoxe, tour à tour passionnés, débrouillards, visionnaires, complémentaires, solides mais aussi mégalos, grossiers, branques, manipulateurs et destructeurs. Un portrait haut en couleur finalement en adéquation totale avec un catalogue multipliant les bandes d'exploitations les plus roublardes et putassières de l'époque, mais aussi les plus folles et les plus drôles.


Relatant le meilleur (le travail bénéfique avec certains auteurs renommés) comme le pire (certaines méthodes peu reluisantes), Electric Boogaloo est une épopée aussi drôle et épique que triste et amère, une aventure hors du commun qui ne pouvait que s'achever dans la douleur. Si l'on frôle parfois l'éloge de la médiocrité (on parle quand même de sacrées bouses pour la grande majorité) et si certains intervenants accordent un peu trop de crédit au duo dynamique (non, ils n'ont rien inventé, ne faisant que pousser d'anciennes pratiques dans leurs derniers retranchements), le documentaire de Mark Hartley conserve l'essentiel, à savoir cet amour immodéré pour un cinéma autre, où les règles n'ont plus aucune importance.

Gand-Alf
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Instant cinéma 2015., Documentaires (et tout ce qui s'en approche)., 2014., Les meilleurs documentaires sur le cinéma et Les meilleurs films de 2014

Créée

le 11 nov. 2015

Critique lue 479 fois

17 j'aime

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 479 fois

17

D'autres avis sur Electric Boogaloo

Electric Boogaloo
Gand-Alf
8

Les deux plaies d'Egypte.

Après s'être penché avec brio sur le cinéma de genre australien pour les besoins de son excellent Not Quite Hollywood, Mark Hartley nous revient plus gonflé que jamais avec Electric Boogaloo,...

le 11 nov. 2015

17 j'aime

Electric Boogaloo
Ninesisters
8

Ils mettaient les pieds où ils voulaient, et c'était souvent dans la gueule

Par le réalisateur de Not Quite Hollywood. Et preuve que les cousins n'avaient rien perdu de leur hargne : apprenant qu'un documentaire allait leur être consacré, ils décidèrent de produire le leur...

le 23 janv. 2015

7 j'aime

Electric Boogaloo
Boubakar
8

La machine à rêves ?

Après avoir réalisé des documentaires sur l'Ozploitation et les sur les films étrangers tournés aux Philippines, Mark Hartley s'est cette fois consacré à la compagnie Cannon, qui a fait les beaux...

le 7 janv. 2015

6 j'aime

1

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

207 j'aime

20