Elephant
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Elephant

Court-métrage de Alan Clarke (1989)

J’ai voulu voir ce film après avoir vu le film éponyme de Gus Van Sant. Bon le visionnage de ce dernier remonte à des années mais il n’est jamais trop tard. En tout cas une chose est sûre, après 5 minutes de film on voit tout de suite ce qui a inspiré GVS. Alan Clarke réalisait ici son dernier film peu avant son décès et c’est un véritable exercice de style avec ses qualités mais aussi ses limites. Le film est une succession de scènes à peu près similaires dans les faits, avec des meurtres commis sans qu’on ne sache pourquoi et presque sans aucune parole. Et j’ai beaucoup aimé ce procédé car il y a quelque chose de vraiment captivant. A chaque séquence je me demandais qui allait tuer qui, comment ça allait se passer. Et c’est mis en scène de façon admirable avec cette caméra qui suit les personnages en plans-séquences. A côté tu as une photographie graineuse qui renforce le côté un peu glauque d’Elephant.

On a là un film mystérieux avec la violence comme thème vecteur du film, avec toute l’absurdité qui la caractérise. A l’inverse du GVS, Elephant version Clarke est dénué de tout propos social. Nous vivons ici l’expérience de la violence la plus brute, la plus soudaine, la plus inexplicable. Le simple fait de ne rien savoir des motivations des meurtres avec une absence totale de paroles rend le film glacial et percutant. Et quand on entend un peu parler ça ne vient pas perturber l’ambiance du film. Bien au contraire ça renforce encore le côté absurde et mystérieux du spectacle auquel on assiste. La conclusion de chaque séquence est toujours dérangeante. Les personnes ne sont plus que des corps inertes, baignant dans leur propre sang. La vie s'est arrêtée en l'espace de quelques secondes, montrant que nous ne sommes plus rien une fois morts, des petites poussières infimes dans la vaste étendue de ce Monde.

Dans l’ensemble, j’ai vraiment aimé le film mais je le trouve quand même limité à son simple sujet bien que celui-ci soit traité de façon novatrice. Après heureusement qu’il dure 40 minutes car une durée plus longue aurait été superflue. Ce n’est pas le cinéma qui me stimule le plus mais je l’ai trouvé suffisamment intriguant pour me donner envie de plonger dans la filmographie de Clarke. En tout cas c’est une expérience que je ne saurais que conseiller car il y a des idées de cinéma et que l’atmosphère est vraiment troublante et marquante. A voir.
Moorhuhn
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le 2 janv. 2015

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Moorhuhn

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