Diamant noir du cinéma contemporain, ce film sans précédent ni prolongement nous touche tant quant par sa dimension fantastique que par sa force de compassion. Paraissant renouer avec la tradition du fantastique américain d’avant-guerre, genre Freaks ou King Kong, - si l’on ne peut se défendre ici ou la d’un certain malaise- il faut reconnaitre que l’œuvre touche au plus profond de notre sensibilité, nous immunisant contre toute velléité de voyeurisme, ne tombant jamais dans la surenchère spectaculaire de la tératologie, car axant avant tout son inspiration et son propos dans le documentaire social.Techniquement, l’emploi original du noir et blanc, qui restitue a merveille l’atmosphère victorienne, renforce le caractère tragique de l’apologue, et greffe un cachet de poésie ténébreuse à la terrible fable en nous bouleversant comme peu d'oeuvres cinématographiques ont su le faire.Le chef-d'oeuvre le plus évident de David Lynch.