Eli
4.8
Eli

Film de Ciaran Foy (2019)

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Si « Citadel » l’avait fait remarquer, ce dernier essai tombe dans l’embarras, à l’image d’un « Sinister 2 » anecdotique. Ciarán Foy a pourtant de bons ingrédients à sa portée pour mener à bien son expérience, mais c’est comme pour toute manipulation empirique, il faut valider les phases de test. Et c’est donc avec regrets que le film passe à côté de son potentiel démoniaque. Pas de laissez-passer pour les autoroutes des enfers, nous n’aurons droit qu’au prélude d’une fable qui à aucun moment ne sait s’il faut mordre ou rugir.


Nous découvrons alors tout l’enjeu de l’œuvre, à savoir Eli (Charlie Shotwell), jeune garçon malade. Mais de quoi exactement ? Dès l’introduction, la mise en scène pistonne le spectateur jusqu’à le questionner sur les fondements de cette douleur incurable. Hélas, le jeu prend une tout autre forme une fois arrivé dans un manoir, ironiquement stérilisé, pour le bien de cet enfant. Si l’ombre de « L’Orphelinat » plane très loin devant ce dérapage, il existe un véritable gâchis dans cette approche. Le fait de limiter les interactions d’Eli avec le monde extérieur ne servirait qu’à justifier son isolement et les événements à venir. Mais comment serait-il possible d’apprécier son cas, avec aussi peu d’informations ? Chaque révélation, dont le spectateur aura vite fait le tour et le désamorçage, nous parvienne avec une paresse qui rime avec répétition. Plus on avance et plus l’intérêt décroît.


Y aurait-il donc si peu d’apparitions fantomatiques pour nous convaincre du côté malsain des lieux ? Que ce soient les morts ou les vivants, ni l’un ni l’autre ne prend le dessus dans cet environnement et rien que la modalité du frisson n’est pas validée. S’il fallait s’en tenir à l’exploration de cette structure qui possède ses démons et ses secrets, il y avait sans doute mieux à faire sur le développement et la caractérisation de cette maladie que porte le protagoniste. Les parents, campés par Kelly Reilly et Max Martini, n’aident pas non plus à rendre cette excursion très distrayante et leur présence ne fait qu’accentuer un suspense qui tombe à pic lors du dénouement, si l’ennui ne nous a pas encore capturés, sinon à plat. De même, la petite fille Haley (Sadie Sink) s’incruste en vain dans cette opération qui a atteint ses limites beaucoup trop tôt dans l’intrigue. Quant au docteur Horn (Lili Taylor), pas moyen d’y trouver un moment pour l’approfondir…


Ce qui aura tout de même inspiré le réalisateur irlandais, c’est dans le tourment du patient, jusqu’à dérouter le spectateur qui ne sait plus où donner entre réalité et imaginaire. Bien en tendu, cela ne fonctionne qu’un temps, juste avant que les enjeux se renouvellent dans un ultime acte festif, mais qui intervient trop tard pour que ce soit libérateur. « Eli » souffre, c’est indéniable. Il souffre d’un mal qui aurait dû davantage questionner ce qu’il y a de repoussant dans le quotidien et l’univers dans lequel baigne un spectateur que l’on perd à mi-parcours, au croisement d’un couloir ou d’un rendez-vous épuisant au bord de la fenêtre.

Cinememories
4
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le 6 août 2020

Critique lue 166 fois

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