Pour sa première réalisation française, le néerlandais Paul Verhoeven («Le quatrième homme», «Robocop», «Basic Instinct») nous livre un film étonnant oscillant entre un Hitchcock et un De Palma. Michèle (incroyable Isabelle Huppert), chef d’entreprise à poigne est à la tête d’une équipe de «Gamer» au sein d’une maison d’édition de jeux vidéo. Un soir, en rentrant chez elle, Michèle est victime d’un viol avec violence par un homme masqué. Verhoeven agresse d’emblée le spectateur dès le prologue par le biais de râles et de cris de la victime. Quand un fondu au noir nous ramène à l’image, Michèle se relève hébétée, mais tout de suite on est saisi par la force de cette self-made woman, qui fera fi de cette mésaventure bien plus tard dans le récit. La grande force du film réside dans les différentes facettes de caractères de son actrice principale. Tourné à la manière d’un polar à suspense, le spectateur attend, anxieux, une nouvelle agression. On en apprendra plus sur le passé trouble de Michèle, survivante d’un fait divers des plus sordides, ce qui explique la carapace en acier trempé qu’elle semble porter en total décalage avec les rouages d’un thriller classique. Entourée d’un casting français incroyable (Charles Berling, Anne Consigny, Virginie Efira ou encore Laurent Laffite), Huppert livre une prestation remarquable en jouant la femme puissante, fatale, névrosée, nymphomane. A l’instar de Sharon Stone dans «Basic Instinct», Jennifer Jason Leigh dans «La chair et le sang» ou encore Carice Van Houten dans «Black Book», la faible femme n’existe pas dans le cinéma de Verhoeven.

RAF43
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le 6 oct. 2016

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