Ce billet d'humeur ne constitue en rien une critique ou une analyse, il n'est qu'un simple avis totalement subjectif :)


Ce soir, j'ai rattrapé Elle de Paul Verhoven. J'avoue y être allée à reculons parce qu'on me l'avait mal vendu. Déjà, le scénario est basé sur un livre de Philippe Dijan qui a écrit 37 degrés 2 le matin que j'execre au plus haut point, ça partait mal.


Ensuite, j'ai lu de ci de là que ce film confortait la culture du viol et j'ai entendu Durendal en dire que Isabelle Hupert "se fait violer et aime ça", soit le discours qui me file des boutons.


Je suis très, très trèèèèèèèèèèèèèèèèèèès chiante sur ce qui concerne le viol au cinéma car je le trouve souvent très mal traité et abordé, nous servant un discours gerbant au possible. Et bien laissez moi vous dire ma surprise quand nous seulement je n'ai pas trouvé le film racoleur avec son sujet, mais qu'en plus je trouvais qu'il l'abordait de manière assez féministe, oui oui ! Car Isabelle Hupert n'est jamais victime et cherche toujours à se relever de ce traumatisme et finit par prendre l'ascendant sur son agresseur. On montre aussi tout un discours de méfiance envers les forces de l'ordre qui, si il peut être maladroit en incitant les personnes violées à ne pas porter plainte, est ici plutôt relai de violences policières subies par le passé par le personnage et qu'elle ne veut pas subir à nouveau ( sous entendu les discours du type " Et vous étiez habillées comment quand il vous a violée ? Vous l'avez pas un peu provoqué ? Etc ... ). De plus, le personnage d'Isabelle Hupert possède assez de profondeur psychologique et d'ambiguité pour qu'on ne tombe jamais dans le "elle a aimé ça". Comprenez moi bien : à partir du moment où elle sait qui est son agresseur, les relations sexuelles même violentes et simulées de viol deviennent consenties, ce sont deux adultes qui aiment pratiquer des jeux érotiques ensemble, et JAMAIS le film n'est ambigu là dessus. Le seul viol consommé est celui du début, dont l'héroïne guérit lorsqu'elle soumet son violeur. Vengeance qu'elle execute toute seule à sa seule force mentale et physique, en apprenant à se protéger et à se défendre face à la menace. La vengeance est faite et la boucle est bouclée.
Il y a par contre ambiguité sur le sadomasochisme et le viol, qui est un peu dommage, puisqu'on nous laisse entendre que les relations sadomasochistes sont forcément signes de déviance mentale ... Dommage


Par contre les autres personnages sont loin d'avoir sa finesse d'écriture. Les personnages secondaires notamment le fils et sa copine sont horripilants de clichés sur les "djeunes" et les jeunes couples, avec une psychologie assez pauvre.


Globalement, le film se suit plutôt bien et la narration est fluide même si le rythme est étrange. Les enjeux mettent très ongtemps à démarrer, et je dois dire m'être beaucoup ennuyée tout le long du film. L'histoire étant en plus assez classique, il était facile de voir les prochaines "rebondissements" à venir et donc à rendre l'ensemble assez fade.


Je n'ai pas compris pourquoi Verhoeven a mis tant et tant et tant d'éléments dans son film, qui entravent la bonne compréhension de son propos. Entre les différentes histoires de cul de tous les personnages ( qui, soit dit en passant, n'ont vraiment rien de palpitant ), le rapport au jeu vidéo ( est ce du à tout le propos sur le mensonge ? Dans ce cas, pourquoi montrer une image si positive de ce médium s'il s'agit de le dénoncer ? ), le rapport à son père qui est psychopathe en prison, le rapport à la mort, les rapports familiaux, le rapport à la chrétienté, le fils qui est noir, donc le fils de Isabelle Hupert n'en serait pas le père, etc etc etc ... Tout celà donne une impression très confuse et brouillonne, comme si le film tentait d'en dire trop à la fois.


Au risque de me faire huer, je n'aime pas Isabelle Hupert. Elle fait partie de ces actrices aux expressions monolithiques qui ne m'inspirent que peu de respect. Mais force est de constater que dans le rôle d'une nana froide, détachée et blasée de la vie, elle correspond tout à fait et donne beaucoup de finesse à ce personnage.


La mise en scène est assez classique et pauvre. La shaky cam (RAAAAAAAAAAAAAAAAAH ) est omniprésente, la photographie n'est pas spécialement marquante et les cadrages n'ont rien d'exceptionnel. Même le montage est bizarre, très saccadé, peu fluide et naturel. Je n'ai pas réellement vu d'intentions de réalisations, et si elles avaient été plus présentes elles auraient sans doute clarifié les multiples pistes dont je vous parlais plus haut qui restent finalement sans réponse.


Elle de Paul Verhoeven n'est vraiment pas un film qui va me marquer. On est loin du thriller psychologique vendu toute l'année mais plus proche du drame de moeurs : des histoires de cul que l'on tente de rendre sordide avec une pseudo subversion comme si toute la culture érotique du sadomasochisme n'était pas passée par là, une histoire psychologisante sur la chrétienté et les psychopathes qui alourdissent le propos, le tout servi par une mise en scène assez pauvre.


C'est loin d'être un mauvais film car très intéressant à analyser, et bien foutu d'un point de vue psychologique pour ne jamais être premier degré ou manichéen. Pour autant, ça reste un film très moyen à mon sens.

Lola_Dolores_Ca
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le 19 janv. 2017

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Lola_Dolores_Ca

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