Désir meurtrier
Le contrôle et la manipulation sont des thèmes récurrents dans les films de Paul Verhoeven notamment quand ce dernier s’entoure de personnages féminins comme l’étaient Nomi (Showgirls) ou Catherine...
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le 26 mai 2016
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A vrai dire, quand il est sorti, je n’avais pas vraiment envie d’aller voir ce film, parce que le thème m’inspirait peu et que ça me faisait penser à « La pianiste » de Haneke, que je n’avais pas trop aimé.
Mais bon, César aidant, plus des avis positifs de mes éclaireurs, je me suis dit qu’après tout, j’allais tenter le coup.
Ce qui m’a gêné, dés le début, c’est le manque de naturel de certaines scènes. J’ai d’abord pensé que les acteurs jouaient mal, mais ce n’était pas ça. C’était plutôt un problème de rythme ou d’ambiance générale d’une scène, comme par exemple dans la première scène de réunion de travail, la prise de bec entre Michèle et son créatif m’a paru sonner complètement faux. Pareil, ensuite, dans la conversation entre Michèle et sa mère, au café, le rythme n’est pas naturel : la mère pose une question, Michèle répond tout de suite, sans réfléchir. De même, la scène où Michèle crie à son fils qu’il n’est pas le père de son enfant m’a semblé complètement ratée. Et il y a plusieurs scènes comme ça, ou la mise en scène ou le montage ne sont pas rigoureux et où les dialogues tombent à plat.
Ce n’est pas que je sois un maniaque du réalisme dans le jeu des acteurs, mais là ça m’a gêné, d’autant plus que les personnages eux-même ont des réactions souvent invraisemblables.
Michèle se fait violer par un inconnu, mais elle continue à vivre comme si de rien n’était, hormis le fait qu’elle s’achète une bombe lacrymo et un piolet, au cas où le violeur reviendrait.
En fait, on comprend peu à peu que c’est parce que ça ne la dérange pas plus que ça de se faire violer. D’ailleurs, elle se fait régulièrement prendre violemment par son amant, alors un viol, c’est peut être même plus excitant, allez savoir.
Quand elle identifie le violeur, elle ne lui en veut pas plus que ça et elle l’appelle même à la rescousse après un accident de la route pour qu’il vienne la secourir et lui faire un beau bandage. Il aurait pu l’amener aux urgences, mais comme il le dit lui même, il a fait du foot, donc il s’y connaît en blessure au genou.
Bon d’accord la vraisemblance peut parfois être sacrifiée à l’intérêt de l’intrigue, comme l’a si bien montré Hitchcock dans sa carrière et là je reconnais que la scène du bandage du genou est une des plus réussie du film (comme celle de la fermeture des volets), parce que le violeur est doux comme un agneau, mais on ne sait pas s’il ne va pas se transformer en loup dans la seconde qui suit, d’où une certaine tension intéressante. Mais trop d'invraisemblances peuvent aussi faire décrocher le spectateur.
J’ai lu ici et là que Michèle serait une femme libre, qui refuserait de se comporter en victime. Admettons, mais il me semble que si elle ne se comporte pas en victime, ce n’est pas dans le but de contrôler la situation pour manipuler son agresseur dans l’optique de se venger, mais plutôt parce qu’elle est attirée par lui et qu’elle est excitée à l’idée qu’il puisse lui sauter dessus à l’improviste.
Faut dire que la pauvre Michèle a un passé chargé, avec un père serial killer de tout son voisinage, 40 ans auparavant, quand elle avait 10 ans et qui purge encore sa peine en prison. Du coup tous ses comportements « anormaux » trouvent une explication psychologique causée par un trauma infantile puissant.
Pour compenser ses traumatismes, elle se venge en embêtant son ex par jalousie et en étant odieuse avec sa mère, dont elle ne supporte pas qu’elle puisse encore avoir des relations avec des hommes. Elle couche aussi avec le mari de sa meilleure amie, mais plus par désœuvrement et parce qu'elle a envie de baiser que pour lui faire de la peine.
On l'aura compris, elle n’est pas très « aimable », mais néanmoins heureusement qu’elle est là, parce que les personnages qui gravitent autour d'elle sont désespérément inconsistants et que sans elle, on s’ennuierait ferme.
Le violeur lui, est un très gentil voisin, mais comme sa femme est une catholique pratiquante, il faut bien qu’il se lâche un peu de temps en temps en violant sa voisine. C’est humain, on a tous nos blocages, nos inhibitions et nos pulsions qu’il faut bien libérer de temps en temps et si on ne pouvait pas se rendre sévices entre voisins, ce serait désespérant.
Voilà donc le César du meilleur film français 2016, qui possède quelques qualités et qui est plutôt distrayant à regarder (notamment une fois qu’on a identifié le violeur), avec un petit coté malsain, un zeste d'humour cynique, quelques charges (parfois un peu lourdes) contre la bourgeoise et la religion catholique, qui ont certainement enchanté la profession. Mais bon, c’est peu dire que je m’attendais à mieux.
Créée
le 4 mars 2017
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