Ce mec a fait Starship Troopers. Forcément que ça va être bien!

Bon ok, Elle n’a rien à voir avec Starship Troopers. Ca met en scène Isabelle Huppert, directrice d’une boite de jeux vidéos, qui se fait violer chez elle, et au lieu d’en parler va chercher qui peut être le coupable parmi les nombreuses personnes de son entourage qui pourraient l’être.
Mais c’est surtout un film de Paul Verhoeven, le mec qui a fait Starship Troopers, Robocop et Total Recall ! Ca fait 10 ans qu’il avait rien tourné, et là il apprend le français exprès pour venir réaliser un film en français avec un casting français 5 étoiles !
Et comme c’est Verhoeven, c’est violent, cru et cynique. Le film brasse une chié de thématiques qui s’entremêlent tout en restant ambigüe, le tout dans un scénario entièrement géré. Par étonnant que les cahiers du cinéma en aient fait leur couverture, ils vont pouvoir s’extasier là-dessus longtemps.
Ca parle de sexualité torturée, de personnages torturés, du poids des parents et de la famille, de l’évolution des personnes, de faire le tri parmi ce qui va pas dans sa vie, et sûrement d’encore plein d’autres trucs.
Et comme c’est du Verhoeven, il rend ça malsain, tordu, oppressant, cru (les scènes de viol sont…violentes), tout en étant traité avec un cynisme parfois hilarant qui te fait culpabilise de t’être marré. Genre le premier plan du film, qui se déroule pendant le viol (on entend le personnage crier), c’est une chatte. L’animal. Qui après deviendra un peu une métaphore du viol, etc, tout ça…
Niveau personnages, c’est aussi du lourd. Dans la première partie du film, c’est-à-dire avant de démasquer le violeur, et alors qu’on ne les a pas tous assimilés, se développe un genre de Cluedo où on essaie de deviner qui c’est qu’a fait ça, alors que le film distille des traits de caractères compromettants chez tout le monde, à la manière d’une murder party. Chaque personnage dispose donc de sa personnalité propre, avec en général un délire sexuel chelou (y’a même du entaï avec des tentacules), et incarné par un acteur au top. Laurent Lafitte, Virginie Efira, Anne Consigny, Charles Berling, Christian Berkel, Judith Magre, Jonas Bloquet, comme la série de Canal +, Alice Isaaz, bref, du monde.
Niveau mise en scène, c’est très naturaliste, avec des lumières presque naturelles, un Paris avec un temps pourri, une banlieue un peu naze… Le contexte est raccord avec le côté sinistre du scénario. Et puis c’est Verhoeven, donc si y’a que lui pour faire de son héroïne la directrice d’une boite de jeux vidéo qui édite un truc avec des orcs, du sang, et rien que pour voir une salle remplie de vieux face à une conférence sur le game design et les droits d’Activision, ça vaut le coup.
C’est donc un retour réussi pour Verhoeven, qui signe ici un thriller psychologique et cynique cru et sans concession, avec une tripotée de thématiques et de messages pas piqués des hannetons. Sur ceux, en parlant d’insectes, je vais me refaire Starship Troopers.