Quatre ans après le très original "District 9", Neill Blomkamp nous revient avec un nouveau film de SF, où cette fois-ci, les aliens sont remplacés par des robots flics et des chefs d'entreprise satellisés dans l'espace. A moins que les envahisseurs soient justement ce qui sont restés sur une Terre rongée par le chaos (selon l'axe de lecture).

Quoiqu'il en soit, "Elysium" nous dépeint un scénario assez crédible d'un futur proche, où les riches se payent une seconde vie dans une station spatiale, tandis que les pauvres croupissent dans la crasse, la surpopulation et la maladie. Et bien entendu, comme il s'agit de Science-fiction, ce nouveau système de fonctionnement est régulé et contrôlé par tout un tas de technologies de pointe.
Voilà, on revient à un schéma classique de la frontière dégradante entre riches et pauvres, mais bon, la Science-fiction a au moins le mérite de s'inspirer de faits sociétaux et environnementaux réels.

Dans ce contexte sociologique et politique, nous suivons le parcours de Max, un homme ordinaire qui se tue au travail pour essayer d’effacer son casier judiciaire chargé. Jusqu'au jour où un terrible accident le condamne à une mort imminente. Le seul moyen de sauver sa peau, c'est de monter sur Elysium pour bénéficier d'un soin miracle. Mais un ticket pour la Terre des riches se paye cher. Alors, il n'a d'autre choix que de retourner traîner avec ses vieilles fréquentations d'antan et d'accepter une mission des plus dangereuses, mais qui pourrait bien renverser l'équilibre des forces.

Et pour mettre en scène ce récit humanitaire, Blomkamp a, cette fois-ci, bénéficié d'un budget conséquent, lui permettant de livrer des effets spéciaux sublimes et immersifs. Dommage que le reste des intentions esthétiques ne suivent pas forcément, tant le réalisateur a voulu tester un trop grand nombre de cadres et de procédés stylistiques. Comme les ralentis, surexploités. Dans les phases d'action ça passe, certes, mais lorsque un personnage est en train de parler, non merci. D'autre part, les phases d'action souffrent d'une caméra trop baladeuse et pas assez stable. Et quand, en plus, on jongle avec de la caméra subjective, ça commence vraiment à piquer les yeux. En somme, il y a de très bonnes idées de mises en scène, mais le film manque d'homogénéité esthétique. C'est un peu dommage, surtout que les plans dans l'espace, quant à eux, sont bien réalisés.

Côté casting, on reste sur une distribution sympathique. Damon assure le job avec son nouveau corps de bodybuildé. Foster est crédible dans la peau de la dirigeante au cul serré et Fitchner détestable en chef d'entreprise parfumé à la fraise. Nul doute que Alice Braga nous fait craquer, de part sa beauté naturelle. Mais le rôle le plus charismatique revient à Sharlto Copley, qui cette fois-ci joue le méchant dans la peau d'un mercenaire psychopathe. Je dois avouer que son personnage m'a bien fait marrer, malgré son animosité (mais si, quand même, le coup de la grenade est excellent !).

"Elysium" est donc un film qui bénéficie d'un scénario convenu mais solide, malgré quelques banalités propres au blockbuster estival. Toutefois, face à ce nouveau modèle de production (exit le format "film indé" de "District 9"), le réalisateur semble s'être un peu perdu dans ses intentions, en livrant tantôt des séquences convenues, tantôt des scènes assez brutales, voir violentes. Rien de perturbant en soi, mais cela peut cependant nous empêcher d'avoir une lecture cohérente du tout.

Quoiqu'il en soit, Neill Blomkamp confirme ici sa grande maîtrise de l'univers SF du haut de ses 33 ans, ce qui nous promet une belle carrière cinématographique.
Théo-C
6
Écrit par

Créée

le 20 août 2013

Critique lue 770 fois

5 j'aime

Théo-C

Écrit par

Critique lue 770 fois

5

D'autres avis sur Elysium

Elysium
Fraeez
3

District 9 à Hollywood.

- Allo, Neill Blomkamp ? - Lui-même. - Bonjour, ici Jean-Roger d'Univerdaube Pictures Production. Dites, c'était vachement bien ce que vous avez fait dans votre dernier film là, Diptyque 9, surtout...

le 15 août 2013

162 j'aime

22

Elysium
Vnr-Herzog
4

Neil Blomkamp sur ses positions

Nouveau film du Sud-Africain Neil Blomkamp, Elysium peut se résumer ainsi : Vous avez aimé District 9 ? Et bien Elysium c'est pareil mais en moins bien. Vous n'avez pas aimé District 9? Et bien...

le 28 août 2013

83 j'aime

13

Elysium
Nushku
4

Les Champs Eludés

Comme toujours la meilleure partie – disons la moins pénible – c'est le tout début : quand on suit la vie quotidienne du héros, ses habitudes qui sont les nôtres dans un monde qui est le nôtre mais...

le 12 nov. 2013

70 j'aime

4

Du même critique

Random Access Memories
Théo-C
9

De l'or en barrettes

Les Daft Punk ne sont pas les artistes les plus présents médiatiquement parlant sur la scène musicale. Sans doute faut-il entretenir le mystère autour des deux masques robotiques. Mais ce "Random...

le 14 mai 2013

42 j'aime

3

The Marshall Mathers LP 2
Théo-C
6

"Eminem killed by M&M !"

C'est un petit peu l'histoire "rapologique" du MC et sa singularité. Un rappeur jonglant entre différentes personnalités, du Shady totalement déjanté, au Marshall plus sentimental, en passant par le...

le 9 nov. 2013

33 j'aime

2

Quand vient la nuit
Théo-C
8

Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien

Michaël R. Roskam est un cinéaste à suivre de près. Découvert, pour ma part, avec l'excellent et surprenant "Bullhead", le belge confirme ses qualités de réalisateur avec ce nouveau film made in...

le 17 nov. 2014

29 j'aime