Quatre ans (déjà) après District 9, petite perle de SF sorti de nulle part par un sud-africain inconnu au bataillon, revoilà Neil Blomkamp toujours dans une critique de la séparation des hommes de part leurs origines ou leur richesse.

Cette transposition est un sujet passionnant démontrant que la ségrégation n'est qu'une affaire de cycle et que si on éradique une inégalité, une autre peut se former à cause justement de ces évolutions. Neil Blomkamp explore justement ces thèmes et Elysium est un nouveau chapitre -moins passionnant que le précédent- de sa thèse.

Alors, on est au XXIIe siècle, il existe deux mondes : un sur la Terre, dévasté et bourré d'injustices sociales et l'autre, Elysium, paradis on Space où les riches ne meurent pas de maladie et selon la légende ne vieillissent pas (ce n'est pas une science exacte). Ceux du premier monde aimerait bien aller dans le second où ses habitants n'en ont clairement rien à branler. Je les comprends, "vivre dans l'urine, c'est affligeant. Mais où va le monde ?". M'enfin, y'a pas mal de bouseux qui essayent au péril de leur vie à se soigner sur la station, dont Max. Ancien délinquant, pas mal de taule, une gueule cassée dont il ne reste plus que 5 jours à vivre s'il ne se soigne pas. Pour y remédier, il retourne voir son ancien patron, un bon gros terroriste doué en informatique avec un accent insupportable qui lui propose de braquer les données mémorielles d'un elyséen. Mais pas dans ses rêves, on va pas se compliquer la tâche comme dans Inception, on directement lui pomper le cervelet. Max devient alors un super-humain-cléUSB qui renferme de bonnes grosses données capables de changer le monde.La suite : chasse à l'homme.

Malgré un scénario qui devient vite simpliste, on a affaire à un film d'action assez intelligent qui garde en lumière les problèmes de fond de deux mondes opposés dont l'un rejette l'autre en bloc. Buster Keaton disait "L'homme descend du singe, il peut aussi y remonter". Et c'est toute la question que pose ce film. Les Elyséens se sont-ils déshumanisé en cherchant à garder leur humanité par leur départ ? Le personnage de Jodie Foster est en quelque sorte une réponse. Froide et rigide, elle incarne la parfaite aryenne qui entretient le Mur.
Ces idées sont passionnantes, à l'image des vingt premières minutes qui les traitent exclusivement, on regrette par la suite l'arrivée massive d'action. La mise en scène est superbe mais on s'attendait à beaucoup plus de réflexion de la part de Neil Blomkamp, un sud-africain qui a bien connu cette séparation. Le casting est bon, y'a pas grand chose à dire. Matt Damon fait son Bourne futuriste tout en ayant un regard assez perdu. Jodie Foster est une porte de prison à l'accent français, ça rend bien malgré son personnage peu creusé. La grande satisfaction est de revoir Sharlto Copley, héros de District 9 endosser le rôle d'un mercenaire violent qui dévoile progressivement sa folie furieuse jusqu'à exploser. Dans tous les sens du terme.

Pour conclure, Elysium est un bon blockbuster de science-fiction (forme de cinéma dépoussiérée par les Blomkamp et Abrams), scénario simpliste mais avec d'excellentes idées, une bonne réalisation (même s'il y a un abus de la "shaky cam"), une très bonne musique, des acteurs convaincants, mais qui souffre d'un trop plein d'action quand on voudrait plus de réflexion.
marckpedro
7
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le 20 août 2013

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Kaal Pedro

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