Comme bien souvent en SF: le futur sur Terre, c’est la chienlit ! En 2154, notre chère planète subit les affres de la surpopulation, du réchauffement climatique et de la pauvreté. Les plus riches sont depuis longtemps partis sur une immense station spatiale nommée Elysium recréant l’atmosphère terrestre. Ce paradis en orbite possède même des machines guérissant les maladies et empêchant la mort. Malheureusement, il est impossible d’y habiter pour le commun des mortels car le gouvernement a mis en place une politique d’immigration plutôt… radicale !

Neill Blomkamp avait redonné un coup de fouet à la SF il y a quatre ans avec District 9, métaphore de l’apartheid honteux et des discriminations raciales. Elysium, dans ce sens, peut être considéré comme une suite qui démontre l’envie du réalisateur de proposer des films délivrant un message relatif aux réalités du monde contemporain. Il touche cette fois la problématique des politiques d’immigrations des pays riches pour se « protéger » de la détresse du monde. Une critique d’autant moins voilée que le coeur du film se passe au Mexique dont on connait les difficultés à la frontière américaine.
Le background est ainsi très semblable à celui de District 9. Naviguer dans ces bidonvilles géants ancre le film dans la réalité et attache facilement le spectateur.

Il est cependant regrettable de constater que le scenario se dégrade en avançant dans le film en laissant une place prépondérante à l’action. Malgré tout, l’ennui ne s’installe jamais de telle façon que l’on reste scotché à l’écran pendant les 1h40 de projection. Le message aurait pu gagner en profondeur et nous toucher réellement sans une fin capillotractée et la présence d’un enfant malade élevé par une femme seule pour essayer de nous tirer vainement des larmes de crocodile. Il serait cependant dégueulasse de se fixer uniquement là dessus car l’originalité et le style Blomkamp font la différence.

Grâce à un budget décuplé (150M$), le réalisateur a pu se faire plaisir en appelant Matt Damon pour le premier rôle. Il démontre une nouvelle facette de son talent, crâne chauve et tatouages à l’appui. Il joue un personnage plutôt crédible, travaillant à la chaine dans une usine où la CGT n’existe visiblement plus depuis longtemps. C’est le working class hero, l’ami du peuple, le Robin des Bois du fordisme. Une dose mortelle de radioactivité réduisant son espérance de vie à cinq jours le pousse à monter sur Elysium afin de chercher une guérison rapide et totale. Prêt à tout, il retrouve un caïd du bidonville pour chopper un ticket direction l’espace en échange d’un ultime service. Pour cela, il doit « revêtir » un exo-squelette bien classe qui rappelle les tenues futuristes des Metal Gear Solid. Cette fuite vers la liberté d’un homme qui n’a rien à perdre est haletante, dommage qu’il soit un peu trop surhumain pour véritablement provoquer noter attachement: les radiations n’ont quasiment pas d’effets sur lui (un peu dodo, un peu vomito), l’exo-squelette implanté ne lui procure aucune douleur ou autre staphylocoque doré post opératoire en dépit des piètres conditions d’asepsie et un coup de couteau en plein dans le bide n’a pour conséquence que quelques crampes semblables à un Old el Paso mal digéré.

La francophile Jodie Foster impose en politicienne stricte et véreuse, son discours rappelle celui de Sarah Palin dont les conséquences en images font froid dans le dos: extermination ou déportation des immigrés. Pour bien faire peser l’inhumanité ambiante, l’ordre n’est géré que par des droïdes et des systèmes informatiques. Cela rend certaines scènes effrayantes lorsque le dialogue devient impossible. L’humain est plus bas que les machines ce qui n’est pas sans rappeler Terminator.

Sharlto Copley, héros du précédent film incarne un personnage au look Chuck Norris, sorte de mercenaire ultra violent dont l’accent irlandais est à se boucher les oreilles. Tripant au début, il perd en menace lorsque sa présence devient systématique.
Quant à William Fichtner, en bonne gueule de cinéma qui se respecte, il s’avère convaincant à chaque apparition.

Comme dans District 9, tous les accessoires et l’univers ont été pensés par Blomkamp. La patte créative du sud africain se retrouve à nouveau dans toute sa splendeur. Les robots sont ouf, disposent d’animations tonitruantes, les armes sont ravageuses et la mise en scène suinte de réussite. Bien sûr, j’en parle peu, mais les scènes d’actions régalent !

Blomkamp a d’excellentes idées, faire des films SF sur un fond socio-politique renouvelle clairement un genre qui tend à se répéter. Elysium est bien fait et mérite le détour mais moins d’action pour plus de thriller par exemple tout en poussant plus loin la réflexion (why not une fin ouverte) aurait pu nous emmener nous aussi vers le septième ciel. On signe pour le prochain coup ?
ZéroZéroCed
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le 28 oct. 2013

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ZéroZéroCed

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