Le cinéma me permet de voyager à moindre frais, de découvrir différentes cultures, histoires, personnages et paysages. Cette semaine, je me suis retrouvé en Belgique, puis en Suisse, aux Etats-unis, à Asgard et enfin en Algérie. La route ne fût pas toujours facile, il y a eu des hauts et des bas, mais cela va se terminer devant une première oeuvre presque maîtrisée.
Ma connaissance de ce pays se limite au documentaire de Yann Arthus-Bertrand : L'Algérie vue du ciel, à l'ancienne femme de ma vie, à mes amis d'enfance, aux couscous de madame Z., au verre de Selecto que je n'ai jamais fini, aux pâtisseries orientales, au thé à la menthe avec des cacahuètes dedans, les bricks et autres plaisirs gustatifs susceptibles de faire de moi, un futur diabétique. Surtout que lorsque tu grandis près de Marseille, tu as de quoi satisfaire tes papilles gustatives, mais tu n'as toujours pas pris la peine de traverser la méditerranée malgré les multiples invitations. Alors quand un film semble être le renouveau du cinéma algérien et sort dans les salles françaises. Tu en profites pour prendre un ticket, afin de voir un peu du pays.
Dans son premier long-métrage, Karim Moussaoui raconte l'Algérie d'aujourd'hui, celle qui attend le retour des hirondelles du printemps arabe. A travers trois personnages, il nous fait traverser ce pays du nord au sud. Des personnes qui ne se connaissent pas et vont à peine se croiser. Les trois histoires s’enchaînent avec fluidité, sans donner l'impression d'être dans un film à sketchs.
Les histoires se nouent par le fruit du hasard, voir du destin. Une déviation va diriger Mourad (Mohamed Djouri) vers un drame, face auquel il va faire preuve de lâcheté. Avant cela, il donnait des leçons de vie à son fils, tout en critiquant l'attitude passive de la jeunesse algérienne. C'est beau les mots, mais si les actes ne suivent pas.... Aïcha (Hania Amar) va se marier. Pour le voyage, son père prend Djalil (Mehdi Ramdani) comme chauffeur. Ils ont vécu une histoire ensemble et une intoxication alimentaire, va leur permettre de vivre une dernière parenthèse enchantée. Seulement une parenthèse car malgré l'amour qu'il se porte, cela reste compliqué. Ce mot sera lâché par un musicien, suivi d'une chorégraphie pleine de vie et de couleurs, alors que Aïcha verse une larme d'adieu. Puis, un neurologue s'apprête à se marier avec sa cousine, mais son passé vient le rattraper. A nouveau, la lâcheté de l'homme va être pointé du doigt.
Selon la sensibilité de chacun, on sera touché plus par une histoire que par une autre. Le destin de la jeune femme est le plus cruel, car elle est la plus jeune et que sa vie va se construire loin de celui qu'elle aime. Les deux autres hommes sont dans la force de l'âge. Ils ont déjà un vécu et une carrière. On peut se dire que le meilleur est derrière eux. Pour Aïcha, c'est le début de sa vie. Elle a fait le deuil de son bonheur en dansant et en vivant un dernier moment dans les bras de Djalil. Les traditions ont encore la vie dure. Le passé et le présent s'entrechoquent. Le pays vacille entre tradition et modernité.
Les personnages sont intéressants, au contraire des histoires. Le portrait de cette Algérie n'est pas flatteur. Les anciens ont laissé le pays dans un sale état et la jeunesse ne semble pas vouloir arranger cette situation. C'est l'immobilisme et la fin ne semble pas annoncer un avenir radieux. Ma méconnaissance de l'histoire de l'Algérie et de sa situation actuelle, m'a surement empêché de comprendre certaines situations et propos. Cela reste une première oeuvre intéressante, annonçant des jours meilleurs dans le cinéma algérien.