Projet fantasmatique (un requin préhistorique de plus de 20 m remonte des abysses pour se faire un apéro avec des humains en guise d’apéricubes ! Pas besoin d’en rajouter…) adapté d’un blockbuster littéraire, The Meg a connu plus de 20 années de « development hell » et est passé entre les mains de cinéastes prestigieux (Saint Guillermo Del Toro) ou pas (Jan de Bont…).
Probablement motivés par les succès des récents The Shallows, 47 meters down et Sharknado (non je déconne !), des producteurs américains et chinois ont allongé les 130 patates nécessaires pour porter le roman de Steve Alten sur grand écran. Personnellement, je m’attendais à un gros délire bourrin, gore, bête et méchant, surtout avec ce bon vieux Jason Tatane dans le rôle principal même si la présence de John Turtletaub au poste de réal (on parle du type qui a réalisé les Benjamin Gates et RASTA ROCKET…) a un peu refroidi mes ardeurs.
Pourtant, force est de constater que ce brave John fait le job, notamment dans la 1ère partie du film qui s’avère réussie. On y trouve quelques chouettes idées de mise en scène et le cinéaste exploite bien le cadre inquiétant des abysses, générant un certain suspense. Pendant sa première heure, The Meg parvient à nous faire flipper un chouia, à nous agripper à notre siège et même à nous émouvoir 1 minute avec le sacrifice d’un protagoniste.
Pour la seconde partie, well… c’est plus compliqué ! En effet, une fois que le Megalodon (le requin en CGI est plutôt réussi pour la petite histoire) remonte à la surface, il expose les limites d’un projet ultra calibré pour le grand public et les amateurs de carnage resteront sur leur faim (un petit bras coupé, des baleines éviscérées et c’est tout…).
On sent que Turtletaub a été bridé par ses producteurs (il a lui-même confirmé avoir tourné de nombreux plans gores) et si on peut tolérer le manque de sang qui tâche (avec un tel budget, fallait pas s’attendre à un truc du calibre de Piranha 3D…), ça fait quand même chier de constater que le bodycount est faiblard, le script allant même jusqu’à neutraliser éhontément la grande scène de massacre dans une station balnéaire chinoise entrevue dans la bande d’annonce.
Faudra aussi se taper une romance cheesy, des personnages au QI de poisson rouge (mention spéciale à Rainn Wilson dont le personnage prend une des décisions les plus stupides de l’histoire des décisions stupides !) et la place artificielle donnée aux protagonistes Chinois dans le seul but de faire de l’œil au public local.
Heureusement, il reste des scènes d’actions turbo-débiles mais étonnamment bien réalisées et transcendées par le charisme inoxydable de Jason Statham qui joue les plongeurs professionnels comme il joue les tueurs à gage surentraînés. A ce titre, le duel final entre le divin chauve et le megashark tient toute ses promesses et se révèle être un des moments de portnawak les plus jouissifs vu sur un écran depuis longtemps.
A l’arrivée, The Meg est un blockbuster fun et divertissant mais un film de requin moyen : pas assez 1er degré et angoissant pour arriver à l’orteil des Dents de la mer et pas assez con ni sanglant pour rivaliser avec le génial Peur Bleue. Si on n’en attend pas grand-chose, on passe malgré tout un bon moment, John Turtletaub s’avérant être un artisan bien plus solide qu’on ne le pensait. On espère juste que s’il y a une suite, ils lâcheront un peu plus des chevaux…