Pour un film détendant, pour un divertissement du dimanche soir, il faudra repasser.
En guerre est une claque en pleine poire, un film coup de poing et coup de sang. En grève, en guerre, c'est la réalité. Brute, révoltante et implacable. Celle du marché de l'emploi et des fermetures d'usines.
Du jour au lendemain, les 1100 employés de l'usine automobile Perrin d'Agen se retrouvent au chômage. L'usine est délocalisée en Roumanie. Malgré l'accord sur la préservation de l'emploi passé pour 5 ans avec la direction (en échange d'énormes sacrifices de la part des salariés), malgré la rentabilité et les bénéfices de l'entreprise, malgré l'augmentation démesurée de 20% des dividendes des actionnaires...
En guerre est un film social et sociétal, qui décortique finement l'impasse d'une médiation entre des salariés en colère et parfois divisés, qui jouent leur emploi et leur vie dans une région "sans un emploi à 50km à la ronde", et la direction d'une multinationale qui place le pouvoir de l'argent au dessus de l'humain.
Après le demi-échec commercial de son précédent film Une vie, Stéphane Brizé revient au film social et puissant, dans la veine de La loi du marché.
Si je m'étais profondément ennuyé durant La loi du marché, le sujet beaucoup plus fort et violent de En guerre captive autant qu'il révolte : le film concerne, le spectateur est pris à partie, on a envie de hurler et de défiler avec les grévistes au bout du rouleau.
Une nouvelle fois, Vincent Lindon prouve qu'il est un immense acteur. Le visage ravagé par la rudesse du combat qu'il mène, il incarne Laurent, tout juste grand père, délégué CGT et chef de file du bras de fer avec la direction. Vincent Lindon ne joue pas Laurent : il est Laurent. Il vit le désespoir et la colère des salariés de l'usine.
La mise en scène est très poignante et immersive, à la manière d'un documentaire, utilisant notamment de nombreuses images TV de blocus d'usines. l'image, faussement tremblotante, caméra à l'épaule; chahute le spectateur qui est happé dans le conflit.
Au final, une plongée captivante dans les méandres d'une négociation musclée. A voir, le cœur bien accroché !

D-Styx
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le 26 mai 2018

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D. Styx

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