Il n'y a que deux camps

En guerre est un film sans concession. Pas simplement, évidement, parce qu'il raconte la cruauté d'un plan social, le dédain d'un patron qui fait tout pour ne pas être confronté à des travailleuses et des travailleurs en grève ou les difficultés financières qu'induisent un grève. Il le fait bien sûr mais ça n'est ni surprenant, ni particulièrement héroïque, c'est simplement le service minimum étant donné le synopsis.

En revanche, ce qui est nettement plus admirable, c'est sa proportion à ne pas idéaliser la lutte sociale. Les esprits s'échauffent très vite au sein même du salariat. Les querelles syndicales se transforment en vraie guerre des tranchées entres les soutiens de Laurent, le leader grande gueule de la CGT, et celles et ceux qui veulent accepter leur licenciement pour le négocier "au mieux".

En cela je trouve qu'En guerre retrace bien quelques-uns des aspects saillants du climat social qui règne en France, et qui voit la résignation emporter certains pans du salariat.

Pourtant, la situation n'en est guère troublée. Au contraire, la conflictualité sociale se manifeste au travers une opposition franche et nette entre celles et ceux qui soutiennent la fermeture de l'usine (la direction et les syndicats qui ont négocié avec elles) et celles et ceux qui s'y opposent.

La réalisation du reste tente de renforcer cette ambiance tranchante. Transitions brutales, ruptures de style (on passe d'un échange hyper-tendue à une réunion feutrée en un éclair par exemple), etc. Surle fond c'est encore plus simple à noter, bien sûr, il n'y a qu'à voir que les échanges en AG sont plus violent que ceux avec la direction par exemple.

J'ai lu sur une autre critique que la personnalité de Laurent était trop mise en avant et que c'était un problème pour le film. Ne serait-ce pas plutôt un fait social que traduirait le film ? Dans certains secteurs actuellement en lutte, il y a a effectivement cette mise en avant d'une personnalité qui s'en prend la gueule mais qui en échange donne un peu le la de la mobilisation.

Bref, la force d'En guerre me semble bien davantage de mettre en scène certaines réalités de la lutte sociale et des tensions qui s'exercent en interne que de simplement montrer la dureté (évidente) du plan social.