Ce film-documentaire est dans son intention et sa réalisation une réussite parfaite.
Le spectateur pourrait être une caméra immergée dans la réalité qu'il n'aurait pas vu une seule image de différente avec cette fiction réaliste. Vincent Lindon est le seul acteur professionnel du film pourtant tout est criant de vérité : les tractations sans fin et sans espoir entre les salariés mobilisés et les représentants de l'Entreprise, les émotions et les relations entre les personnages tour à tour désespérés et espérant, la couverture média qui donne l'impression qu'on regarde réellement la télé. Les dialogues n'étaient pas vraiment écrits afin de laisser la spontanéité des sentiments dans cette situation s'exprimer : cela s'entend dans le film et le résultat est plus parlant que si chaque parole avait été ciselée et revue des dizaines de fois. On est pris à la gorge par l'inanité de ce système économique qui broie les hommes pour des profits éthérés dont 99% de la population réelle ne peut même esquisser l'existence matérielle ou fiduciaire. Le cri d'alerte est indiscutable, incritiquable, imbattable. Laurent Amédéo a perdu et s'est immolé par le feu -chute filmique inéluctable que l'on sent monter dans les tripes tout en adjurant tous les dieux qu'elle n'advienne - mais Vincent Lindon, Stéphane Brizé et la légitimité de la lutte ont gagné, face à la monstruosité du capitalisme financier.