La carrière de Wolfgang Petersen est des plus paradoxales. Ainsi, il parvient sans sourciller à faire le pire du pire (Poseidon) ou le meilleur du meilleur (Le Bateau). Il peut faire du grand n'importe quoi (Troie) ou le travail sérieux d'un honnête divertissement (Dans la ligne de mire, L'Histoire sans fin).
En Pleine tempête possède de solides qualités, à commencer par son casting. A côté d'un George Clooney qui n'est pas au mieux de sa forme, on trouve quand même Mark Wahlberg (vous allez sûrement me huer, mais j'aime cet acteur), Diane Lane, L'excellent John C. Reilly et le phénoménal Michael Ironside (à qui je voue un véritable culte).
Le début présente un parti-prix assez sympathique aussi : filmer la vie des pécheur d'une façon réaliste, sans fioritures excessives. Leurs difficultés, les dangers du métier, les problèmes financiers, l'impossibilité de mener une vie de famille digne de ce nom, etc. A ce titre, Michael Ironside fait, une fois de plus, magnifiquement bien son rôle de salaud (il doit être le plus extraordinaire acteur de salauds).
Comme dans tout film catastrophe qui se respecte, le début ne nous propose rien que la tempête annoncée, sinon quelques bulletins météo qui se veulent anxiogènes. Cela permet à Petersen de meubler son film avec la vie quotidienne des pécheurs, en un film qui ressemble alors énormément à un hommage à la profession. Il y a bien quelques scènes lourdes (comme l'attaque du requin, sorte de Dents de la mer du pauvre, 25 ans après le film de Spielberg : ça fait presque pitié) mais, en général, je dirais presque que cette partie est la plus réussie du film.
C'est vers le milieu du film qu’apparaît la tempête (ou plutôt qu'apparaissent les tempêtes, car il y en a trois qui se mêlent). Alors, certes, c'est spectaculaire, c'est impressionnant, mais il y a quelques chose qui ne va plus. En fait, voir pendant une heure des gonzes se faire asperger de flotte par seaux entiers, c'est bien sympa, mais ça a une certaine tendance à devenir lassant. Petersen, qui en avait sûrement conscience, fait appel à de nouveaux personnages : les Garde-Côte.
Et on se retrouve alors avec un film bâtard. Ceux qui étaient les personnages principaux jusqu'à présent sont presque relégués au rang de personnages secondaires (et tout mouillés). Quelques scènes sont étirées de façon un peu excessive. Et la qualité de l'interprétation se noie dans un océan de vagues titanesques où tout est uniformément gris.
C'est d'autant plus dommage qu'on sentait que Petersen voulait échapper aux règles habituelles du blockbuster (et la fin le montre bien, d'ailleurs). Au final, c'est un film avec lequel j'ai envie d'être indulgent, ne serait-ce que pour une première partie plutôt intéressante.
SanFelice
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le 5 nov. 2013

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SanFelice

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