Le premier Jake est comique, le second tragique.

Le film, de facture correcte, joue en tant que thriller sur le stress et le suspens grâce à des basses et des mélodies répétitives, allant en s'amplifiant, stridentes, et les règles dramatiques qui déterminent qu'un des doubles et mauvais et qu'ils sont complémentaires, différents et analogues pourtant. La surprise ou plutôt le twist, le "mindfuck" tient dès le début , dans l'introduction dans une imagerie du rêve, fétichiste et cauchemardesques où les surfaces constitués de texture miroitantes, dont les reflets inversent les corps, sculptent des figures fluides et inhumaines. Les objets "clés" du film sont présentés dans des inserts immiscés dans l'action naturelle et onirique, qui se révèlera un flash forward, une substitution à la réalité. La fin "jump scare", surréaliste qui substitue le visage de la femme à un corps d'araignée, le motif de la toile, comme objet qui cristallise de manière méta-discursive le travail du réalisateur de thriller, la manipulation des fils narratifs, participent d'un long mélange d'attentes, de temps dilaté et d'espaces contractés qui dilue la gratuité du thème du double au profit de l'efficacité du récit, qui tient en haleine sans vous couper le souffle. Si les personnages sont figés ou étranges, inconsistants, c'est qu'ils sont peu caractérisés, ce qui n'est pas le but du film. Tout cela semble un exercice de style simple, qui marche ou plutôt avance pas à pas, peu interessant mais hautement fascinant. Je ne sais que penser finalement de ce film dont la mise en scène épuré et lancinante, d'autant plus qu'un possible faux raccord (lunettes) changerait en grande partie l'intérêt du film. La confusion et la substitution des identités, les renversements de rapports de force montrent malgré tout que Villeneuve sait jouer avec les images et l'identification.