Engrenages
6.9
Engrenages

Film de David Mamet (1987)

Paré d’un titre qui annonce la couleur, Engrenages est un film malicieux qui se repose en grande partie sur un script à tiroirs favorisant la manière dont les événements s’enchaînent à l’action à proprement parler. Mamet mise beaucoup sur ses personnages et leurs traits de caractère : un truand mielleux, une psychologue bien sure d’elle, des seconds couteaux difficiles à cerner sont autant d’ingrédients qu'il manie sans ménagement pour mettre sur pied un jeu de fausses pistes efficace qui manque cependant d'un peu de fougue.


En effet, si les multiples retournements de situations sont cohérents, ils sont néanmoins relativement prévisibles. La fin mise à part, qui pourrait orner le plus dépressif des polars 70’s par sa violence sourde, engrenages fait l’effet d’être trop didactique, il lui manque un poil d’aspérités, ce soupçon de folie qui ferait de cette séance sympathique un grand film. Rappelons tout de même qu’il s’agit du premier fait d'arme de Mamet et que sa cohérence, à elle seule, en fait un véritable tour de force. L’homme ne se laisse pas dévorer par ses envies et maîtrise son sujet, là où il est fréquent de voir les cinéastes vouloir tout donner dès leur premier essai, quitte à pêcher un peu d’orgueil.


Sa direction d’acteurs est également remarquable pour une première. Qui dit film d’arnaque, dit mécanique huilée, et précision des timings. Mamet, solide, déroule ses séquences les unes après les autres sans les précipiter, donnant le temps d’antenne suffisant à ses acteurs pour que la sauce prenne.


Sans rien révolutionner, Mamet imposait tout de même son style dès son premier film : un script peaufiné, des situations pensées dans les moindres détails avec, en ligne de mire, le retournement de cervelet d’un public friand de twists. Et même s’il lui manque le petit ingrédient mystère qui lui aurait permis de crever l’écran, une protagoniste plus charismatique, une mise en scène plus expressive ou une once de folie supplémentaire dans les temps morts précédant chaque arnaque peut-être, Engrenages reste un premier essai maîtrisé qui donne envie d’en voir plus.

oso
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste L'ours, Homo Video, en 2016

Créée

le 5 avr. 2016

Critique lue 575 fois

8 j'aime

1 commentaire

oso

Écrit par

Critique lue 575 fois

8
1

D'autres avis sur Engrenages

Engrenages
AMCHI
3

Critique de Engrenages par AMCHI

Si David Mamet est plutôt un bon scénariste il n'en est pas de même pour la mise en scène, Engrenages bénéficie d'une bonne réputation pourtant dès les premières minutes ce thriller est fade, j'ai eu...

le 7 déc. 2017

4 j'aime

2

Engrenages
Val_Cancun
6

Malsain Mamet

Première réalisation du scénariste reconnu David Mamet ("Les incorruptibles", notamment), qui signe avec "House of games" l'un des prototypes du film d'arnaque tels qu'on a beaucoup vu depuis, avec...

le 2 mai 2018

4 j'aime

Engrenages
estonius
6

Ça se regarde, mais ça n'a rien d'une pépite

Les films d'escroqueries sont toujours potentiellement intéressants. Or une escroquerie est souvent quelque chose de relativement complexe, c'est là qu'intervient le talent du réalisateur, le...

le 13 juin 2023

1 j'aime

Du même critique

La Mule
oso
5

Le prix du temps

J’avais pourtant envie de la caresser dans le sens du poil cette mule prometteuse, dernier destrier en date du blondinet virtuose de la gâchette qui a su, au fil de sa carrière, prouver qu’il était...

Par

le 26 janv. 2019

81 j'aime

4

Under the Skin
oso
5

RENDEZ-MOI NATASHA !

Tour à tour hypnotique et laborieux, Under the skin est un film qui exige de son spectateur un abandon total, un laisser-aller à l’expérience qui implique de ne pas perdre son temps à chercher...

Par

le 7 déc. 2014

74 j'aime

17

Dersou Ouzala
oso
9

Un coeur de tigre pour une âme vagabonde

Exploiter l’adversité que réserve dame nature aux intrépides aventuriers pensant amadouer le sol de contrées qui leur sont inhospitalières, pour construire l’attachement réciproque qui se construit...

Par

le 14 déc. 2014

58 j'aime

8