Enlèvement
3.7
Enlèvement

Film DTV (direct-to-video) de Clay Staub (2017)

Forcément, tombé en panne dans un coin appelé "Devil's Gate" n'est pas le truc le plus futé à faire, encore plus si c'est près d'une ferme austère au possible dont s'échappe des bruits bizarres. Et le pauvre homme qui va l'apprendre à ses dépends ne sera d'ailleurs là que pour offrir une scène d'introduction meurtrière parfaitement gratuite à ce premier film de Clay Staub. Mais pas totalement inutile cependant car elle sera en réalité un des éléments des premiers instants qui maintient l'ambiguïté sur ce que veut nous raconter "Devil's Gate".
Avec l'arrivée d'une jolie agent du FBI en mode fronçage de sourcils permanent faisant équipe avec la police "caricatulocale" pour enquêter sur la disparition d'une mère et de son fils, le film instaure en effet une ambiance de thriller que la multiplication de symboles religieux tend très vite à rendre horrifique. Seulement, là où un réalisateur avisé aurait intelligemment joué sur la durée avec les faux-semblants autour de la véritable nature de son long-métrage, Clay Staub, lui, bien trop content de son idée, va vite nous la dévoiler en nous révélant ce que renferme la cave de la fameuse ferme dont le propriétaire n'est autre que le mari et père des disparus.
Et il faut dire que c'est une belle idée dans un premier temps ! Une sorte d'arroseur arrosé d'un poncif bien connu de la SF où le potentiel des rôles inversés des forces habituellement en présence peut offrir de très bonnes opportunités inédites. Mais encore fallait-il savoir savamment l'exploiter...
Clay Staub va d'abord stagner un moment avec, se contentant de jouer en huis-clos avec ses FX (un peu au-dessus de la moyenne pour une production de ce type) et d'insister sur la confusion mystique de ce fermier face à ses mystérieux "adversaires" (une approche pas si bête mais le film n'en fera rien en restant constamment sur un parallèle stérile). Puis, pour notre plus grand malheur, le réalisateur/scénariste va s'emballer en ayant les yeux bien plus énormes que le petit ventre de son DTV ! Dans sa dernière partie, "Devil's Gate" part en vrille totale en voulant s'attaquer à des enjeux certes classiques du genre mais beaucoup trop démesurés pour lui. Le film s'embarque ainsi sur une piste dont il ne sait démontrer les tenants et aboutissants pourtant très prévisibles autrement qu'en enchaînant les rebondissements ridicules (aïe, la révélation sur un des personnages). La narration est tellement catastrophique qu'elle en vient à absolument tout rendre absurde et les acteurs laissés en roue-libre semblent désormais prier autant que nous pour que cette affaire se termine le plus rapidement possible avant d'être emportés dans le naufrage de ces enjeux pitoyables de fin de parcours...
Ils n'auront hélas pas cette chance mais un épilogue plus réussi viendra nous rappeler le potentiel de cette histoire que Clay Staub s'est montré tout simplement incapable de nous raconter de manière convenable. D'une belle idée de départ, il n'aura pu livrer qu'un DTV médiocre...
"Le pire serait de raconter cette histoire encore et encore (...)" dira un personnage à la fin. On ne le contredira pas.

RedArrow
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le 5 sept. 2018

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