Enola Holmes
5.5
Enola Holmes

Film de Harry Bradbeer (2020)

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Enonla nouveauté de Netflix n'est pas si mauvaise que ça !

Ô combien fut diffile la tâche de noter ce film. Une chose est sûre, je ne lui aurais pas mis plus de 7, mais j'ai fortement hésité entre 4,5,6 et 7. En dessous cela me paraît très dur, au-dessus cela me paraît beaucoup trop généreux pour un film parsemé de défauts.

Commençons donc cette critique qui risque d'être assez longue alors n'hésitez pas à vous m'unir d'un verre d'eau et de quoi manger si le coeur vous en dit.
Tout d'abord, je me suis lancé dans ce film en n'ayant guère beaucoup d'espoir. Je suis énormément fan de tout ce qui touche à Sherlock Holmes, j'ai notamment vu la majeure partie des adaptations que ce soit sur le grand ou petit écran. Néanmoins, je l'avoue, je n'ai pas lu les romans de Sir Conan Doyle ni même ceux de Nancy Springer desquels est tirée cette histoire. (Je sais, honte à moi, je mérite le bûcher en me prétendant tout de même fan de tout ce qui touche à Sherlock Holmes.)
Enfin bon vous l'avez compris, je me devais de regarder ce film même si, étant une production Netflix, je m'attendais au pire! Forcé de constater que mon jugement a été un peu hatif et que j'ai été quand même agréablement surpris, mais avec tout de même énormément de réserves.

> "Show, don't tell." Ou pour les moins anglophones d'entre vous "Montrer plutôt que raconter"

Ceci est le conseil le plus répendu et très certainement le plus connus pour tout écrivain en devenir. C'est également tout le contraire de ce que fait le film. En effet dès la scène d'ouverture, ainsi que tout au long du film, on va vous raconter plutôt que vous montrer. Pour moi, c'est inacceptable qu'un film, ayant l'avantage des images, ne puisse pas se tenir à cette citation désignant la littérature.
Le film commence donc avec le personnage principal comme narrateur, brisant le quatrième mur pour nous raconter sa vie avant le temps de l'histoire. Evidemment non sans images pour accompagner sa narration, mais le fait est que son histoire demeure racontée. Le problème de ce choix de positionner le personnage en tant que narrateur dès la scène d'ouverture, il va être récurrent tout au long du film, car Enola, va régulièrement prendre le temps de briser le quatrième mur pour exposer le fond de sa pensée. On a là, à mes yeux le principal problème du film.
Maintenant, à l'image de Deadpool par exemple, on pourrait être legitime à penser que c'est un choix de la réalisation et que l'appreciation que l'on en fait est purement subjective. Cependant cette idée de narration est tellement présente dans le film qu'elle ne peut que venir de son scénario et non de la réalisation, car ils ont tout deux été gérés par différentes personnes. Si cela vient bel et bien de l'écriture , nous sommes donc en présence de faignantise de la part du scénariste qui a cherché à inclure, le plus facilement possible, un maximum d'informations, dans un délai imparti alors que cette problématique était loin d'être insurmontable avec un écrivain réfléchissant un tant soit peu à l'écriture de son scénario.
Il y a de ça quelques décennies, dans les cercles d'écrivains, il y avait cette idée reçue que tous les écrivains ratés allaient faire carrière à Hollywood en tant que scénariste, en voyant ce film, on se demande vraiment pourquoi. Plus sérieusement, je sais que je suis dur, mais cette écriture est vraiment insupportable et faignante au plus haut point rendant des fois le film assez irritant à mes yeux.

Passons maintenant au sujet qui semble animer les ardeurs des nombreux détracteurs de ce film: le féminisme.
Nier la présence du féminisme dans ce film serait chose impossible. Il est présent, très présent, mais s'était à s'y attendre. Peut-on blâmer un film se déroulant durant la deuxième moitié du XIXe siècle en Angleterre et ayant un personnage féminin de faire du féminisme? Non. Tout simplement non.
Les années 1850 en Angleterre ainsi que tout le reste du siècle sont marqués par la progression des droits de la femme ainsi que l'essor du féminisme. Ajoutez à cela le fait que le personnage est une jeune femme née en 1874, allant à l'encontre des moeurs de l'époque car élevée comme tel, le film ne peut pas ne pas faire de féminisme. Au delà de ça, le féminisme dans ce film n'est pas trop mal géré, il peut être maladroit à certains endroits, mais pas de quoi faire une crise.
Je veux bien être contre cette propagande que l'on retrouve dans beaucoup de films aujourd'hui en particulier dans les productions Netflix, mais ici, il s'agit tout simplement du mauvais film pour sans plaindre car si le féminisme se prête bien à un film Netflix, c'est celui-ci. Ce film sans féminisme n'est tout simplement pas crédible étant donné l'époque où se situe cette histoire. C'est bien beau d'être contre la propagande féministe mais il s'agirait quand même de ne pas tomber dans l'exact opposé et de faire de la propagande anti-féministe même quand le feminisme est justifié comme c'est le cas ici.
Si le féminisme dans n'importe quel film vous énerve, et bien dans ce cas il fallait vous renseigner avant de regarder le film ou tout simplement réfléchir deux secondes avant de le lancer car c'était évident. Blâmer ce film car il fait du féminisme revient au même que de blâmer un film sur la deuxième guerre mondiale abordant la thématique des Juifs, que de blâmer un film sur la guerre de sécession abordant la thématique de l'esclavage ou tout simplement que de blâmer un film sur les années 1920 aux Etats-Unis traitant de la prohibition. Enfin bref vous comprenez l'idée, c'est complètement idiot.
Je conçois qu'ici l'écriture de ce féminisme n'est pas extrêmement travaillée et reste très en surface, mais elle se prête tout à fait au film, au personnage principal qui a 16 ans et au publique visé qui est soyons franc,un publique plus jeune ou dans les âges de l'héroïne. D'ailleurs les livres de Nancy Springer sont orientés jeune publique.

Attaquons maintenant le troisième et dernier point de cette critique, l'histoire en elle-même, ainsi que les personnages. Tout d'abord les personnages. Je dois avouer avoir été agréablement surpris de Henry Cavill dans le rôle de Sherlock et de Sam Claflin dans le rôle de Mycroft. Ils incarnent tous deux assez bien leurs personnages. J'avoue avoir été un peu inquiet en voyant les premières scènes de Sherlock car Henry semblait plus faire du Cavill que de jouer un rôle, mais au fur et à mesure du film où la personnalité de Sherlock était plus marquée, il était plutôt convainquant dans son rôle qui est quand même très difficile à assumer après les nombreuses adaptations et les acteurs y étant passés...
Je dois quand même avouer que son Sherlock est quand même assez édulcoré par rapport à de nombreuses versions du personnage, mais cela semble plutôt être un choix scénaristique qu'un problème avec l'acteur.Edulcorée, pourquoi? Peut-être pour ne pas piquer la vedette à Enola.
Le personnage d'Enola est intriguant, touchant, son actrice judicieusement choisie et même si comme vous avez pu le lire, je déteste ses dialogues directs au spectateur, je dois admettre que ça permet de créer un certain attachement au personnage qu'il n'y aurait pas sans. Ce qui, encore une fois soyons clair, ne serait pas nécessaire avec une bonne écriture ! Le fait est que là son personnage est très simple et pas énormément en profondeur donc les narrations de ses pensées ajoutent du relief au personnage qu'il n'y aurait pas sans.
Maintenant son "acolyte", Tewkesbury, lui est assez inintéressant et ne colle tout simplement pas avec l'histoire que l'on essaye de nous raconter. Il ne parle jamais de politique et constamment de fleurs, mais il est pourchassé à cause de ses idées...Voilà qui est très peu crédible, mais bon ecore une fois ça peut être excusé lorsque l'on prend en compte le public visé. Fort heureusement, il semblerait qu'on ne le verra plus si une suite doit voir le jour.

Maintenant que valent l'histoire et l'enquête? Déjà, elles sont assez divertissantes sans être extraordinaires mais elles se laissent regarder sans soucis. Toute l'histoire derrière la disparition de sa mère, Enola essayant de sortir de cette prison que sont les moeurs de l'époque, etc...sont très certainement les points forts du film. L'enquête quant à elle, est son point faible.
Une des raisons pour lesquelles j'aime Sherlock Holmes et son univers au-delà de la complexité du personnage c'est que ça me pousse à réfléchir et je suis tout de même généralement surpris de qui est le coupable.
Là est l'essence de Sherlock Holmes, il résout des mystères que peu de personnes seraient capable de résoudre. Ici Enola est supposée rivaliser son frère Sherlock, il est donc normal d'en attendre de même, mais malheureusement, j'ai très peu réfléchi et j'ai compris qui était le coupable avant même Enola qui suspectait quelqu'un d'autre
Résultat: Un mystère totalement gâché pour moi.
Mais encore une fois, je suppose que je ne suis pas le publique visé et qu'un public plus jeune serait très certainement surpris d'un tel dénouement. Pour ceux d'entre-vous qui ont lu les livres, pouvez vous me dire si les enquêtes sont plus complexes ou si c'est du même genre que celle-ci?

sAde_
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le 3 oct. 2020

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