Très tôt marqué par la vision du 2001 de Stanley Kubrick, le cinéaste Gaspar Noé aura longtemps rêvé de coucher sur pellicule son trip ultime a lui, patientant plusieurs années avant de pouvoir le mettre en scène.


Prenant appui sur le Bardo Thödol (ou Livre des morts tibétain), Gaspar Noé nous entraîne pendant prêt de trois heures aux limites de la perception humaine, nous plonge tête baissée dans un long voyage spirituelle et psychotronique, celui d'un jeune dealer quittant son corps suite à une échauffourrée avec les forces de l'ordre, et errant à travers Tokyo à la recherche d'un corps à incarner.


Véritable tourbillon sensitif, Enter the Void est une expérience à nulle autre pareille, extrêmement exigeante et pouvant paraître absconse pour qui ne goûtera pas le délire. Virevoltante et virtuose, la mise en scène de Noé propose une immersion totale, renforcée par les effets spéciaux supervisés par Pierre Buffin, donnant l'impression au spectateur de vivre son propre voyage astral. Il nous plonge également au coeur de la vie tokyoïte, entre fantasmes et réalité, la ville se parant, au fil du récit, de couleurs de plus en plus éclatantes, bariolées, lui donnant des aspects de cité futuriste tout droit sortie d'un manga.


Si Gaspar Noé n'enlève rien de son sens de la provocation, posant son décor dans les endroits les plus glauques et n'hésitant pas à filmer le sexe de la façon la plus explicite possible, Enter the Void reste peut-être son oeuvre la plus touchante et la plus belle. Une histoire d'amour pure et fusionnelle (trop), entre un frère et une soeur liés à jamais par la mort brutale de leurs parents. Le final est à ce titre sublime, aussi jusqu'auboutiste dans sa démarche que moralement... particulier.


Bien que beaucoup trop long (le bluray inclue d'ailleurs une version expurgée de vingt minutes) et souffrant de cette fâcheuse tendance qu'à le cinéaste d'expliquer sans cesse son film (tout le film est résumé au cours d'un dialogue), Enter the Void reste une expérience fascinante et formellement aboutie, souffrant d'une interprétation bancale (je n'arrive pas à savoir si Paz de la Huerta est défoncée en permanence ou si elle est juste stupide) mais bénéficiant de la superbe photographie de Benoît Debie.

Gand-Alf
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le 24 nov. 2015

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Gand-Alf

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