Enter the Void par Valtwovee

Il y en a des choses à dire sur ce film! Oh que oui! il y en a!
D'abord, au cas où certains ne l'auraient pas remarqué, ce n'est pas le genre de film à regarder en famille...
Ce n'est pas non plus un film qu'on regarde juste "comme ça", sans être préparé à l'avance. Il faut avoir vraiment envie de le voir pour vivre une expérience des sens, un trip visuel de 2h40 en sachant que c'est Gaspard Noé à la baguette (Irréversible, Seul contre tous entre autres), un réalisateur qui aime déranger, provoquer et perturber son spectateur sans demi-mesure!

Alors, résultat final? Enter the Void fait ce qu'il promet, il nous offre un trip sensoriel, surtout visuel de 2h40 avec des plans dont les couleurs nous mystifient, dans le même esprit que l'affiche du film. Certaines transitions sont tout droit sorties de délires de drogue et sont elles aussi très réussies.
Ensuite, le film avait pour ambition de relever un défi de mise en scène qui en rebuterait plus d'un! En effet, un peu comme dans un jeu vidéo à la première personne (honnêtement j'y connais rien pour ce qui est des termes techniques) on est dans la tête d'un personnage (un drogué, donc) et on ne voit que ce qu'il voit. Je ne précise pas complètement pour ne pas spoiler, mais en gros, c'est ça. Environ 50% des scènes sont comme tel, les autres sont filmées d'en haut, un peu comme si on était un spectateur éloigné de l'action, sans pouvoir agir, donc. Ces deux façons de filmer sont au départ très intéressantes, mais rappelons que le film dure 2h40! Je dois, sur ce point, préciser qu'il n'y a aucune scène d'action, même assez banale, quasiment toutes les scènes sont des scènes de dialogue fixes, raison de plus pour bien s'accrocher!
Cependant, malgré tous ces dialogues, ce film n'est pas, pour moi, un film à scénario. En gros, pendant le métrage, on découvre la vie tumultueuse de ce drogué, qui a pour seule famille sa petite sœur qu'il protège depuis son enfance. On a bien-sûr droit à de nombreux flash-back, mais très brefs, et toujours pour mieux les relier au présent. Cependant, là je donne mon avis personnel, je n'ai ni réussi à m'attacher au personnage principal (surtout parce qu'on est sensé être lui et on le voit très peu de face, donc identification pas évidente), ni à sa sœur car Noé la filme de manière trop extérieure, trop superficielle (ce qui est normal, vu le choix de réalisation expliqué plus haut).
Honnêtement, le seul intérêt que j'ai trouvé à ce film, c'est l'expérience des sens, des couleurs et l'ambiance lourde qui règne pendant 2h40, surtout grâce à la musique très angoissante. Ensuite, l'idée de réalisation était intéressante, j'ai bien aimé la première heure, mais par la suite elle voit rapidement ses limites franchies et l'heureuse surprise laisse peu à peu place à la simple contemplation extérieure des effets de transitions, certes magnifiques, mais pas suffisants pour redonner de l'intérêt à l'histoire racontée.

Il y a du Lynch, du Kubrick et plein d'autres inspirations dans le même genre.

Enfin, le dernier quart d'heure est une succession de plans montrant des scènes de cul de manière trèèèèès explicite, toujours dans la même esthétique des couleurs et de la musique. Personnellement, je m'y attendait plus ou moins, de la part de Noé, donc ça m'a fait ni chaud ni froid. Je vous préviens juste, après, faites vous votre avis...

Bref! Enter the Void (un peu comme Irréversible) tente des idées des réalisation et de filmer originales, mais celles-ci sont trop limitées pour un histoire racontée sur 2h40 (en revanche, si le film avait duré un heure de moins, on aurait gardé que les côtés positifs de cette originalité sans s'être ennuyé, je pense). Cependant, le film est très beau et constitue une sacrée expérience des sens pour tout cinéphile averti!