Je me suis longtemps demandé, pendant le film, pourquoi ne pas avoir fait un documentaire. Le fait est, l'auteur s'acharne à nous dépeindre un contexte réaliste ainsi que le fonctionnement d'une classe. Rien de très dramaturgique là-dedans. Même s'il y a un vrai travail d'écriture, une manière de faire dialoguer les protagoniste de manière vraisemblable sans rien perdre du rythme du film. Disons même que ce sont les longs échanges entre profs et élèves qui donnent envie de poursuivre. Mais côté narration ça reste assez plat.
Jusqu'à cette scène formidable qui met en avant une dynamique de groupe se rebellant face au 'maître'. Ce passage impressionne, d'autant plus qu'on sort du système scolaire. Enfin, pas vraiment. Mais disons que ça aurait pu être un groupe de n'importe quoi d'autre qui se rebelle. Et ce renversement de pouvoir se fait subtilement et ineluctablement, selon une logique indéniable.
Après cette scène, ça redevient un peu plat narrativement, l'aspect docu reprend le dessus, même si, une fois de plus, les dialogues fonctionnent très bien en terme de divertissement. J'aime beaucoup aussi, dans ce travail d'écriture, cette impression d'éphémère, à savoir que des élèves peuvent vous haïr un jour suite à une remarque et que deux semaines plus tard c'est tout oublié.
Visuellement, c'est plutôt bien fait : un découpage sobre et distant ; c'est-à-dire qu'on ne rentre jamais dans la tête d'un personnage, de même que le réalisateur ne va pas filmer de longs plans séquences épaules comme on le ferait dans un docu. Et ben ça fait du bien. Les acteurs sont tous très bons aussi, convainquants tant dans leur naïveté que dans leur agressivité.
Côté message, on pourrait faire des reproches de toutes sortes, mais je pense que les auteurs s'en sortent assez bien pour démontrer qu'un enseignant peut parfois être confronté à des dilemmes cornéliens et que les élèves sont imprévisibles.
Bref, une assez bonne surprise car je m'attendais à quelque chose de misérabiliste, il n'en est rien , mais en même temps une déception car cela manquait de dramaturgie.