Bluesky nous sert ENCORE du joli
Le cinéma actuel regorge de sentiments. On s'emploie à exploiter la psychologie d'un ou plusieurs personnages jusqu'à ce qu'elle s'essouffle. Que ce soit un héros sombre ou un personnage de jeu vidéo que personne n'apprécie, on s'efforce d'en extirper le plus d'émotion possible, parfois à défaut d'une véritable histoire. En plein milieu de cette époque cinématographique foisonnante, Epic fait table rase et nous concentre sur un point particulier. Oui, les personnages ont des antécédents, on perdu un père, une mère, ou que sais-je ; mais ce qui compte ici, c'est l'aventure ! Quand on sort de Man of Steel, notre définition du mot est quelque peu modifiée, mais on peut dire que ce film est bel et bien épique, dans le sens précédemment commun du terme.
Une histoire simple (et non pas simpliste) comme on les aime dans le cinéma d'animation : Marie-Catherine est une adolescente qui a récemment perdu sa mère et se trouve forcée d'aller vivre chez son père. Celui-ci est une sorte de savant fou qui pense qu'un monde vivant microscopique se cache dans la forêt. Sa théorie occupe sa vie entière au point qu'il en a perdu sa femme et sa crédibilité auprès des autres scientifiques. Ce qu'il tente vainement de démontrer est pourtant bien réel. La forêt grouille en effet de petits êtres partagés en deux camps : les forces de la vie, qui tentent de conserver la verdoyante de la forêt ; et les forces du pourrissement, qui aspirent la vie de la forêt. Anne Catherine se retrouve rapetissie et prise dans le conflit malgré elle. Rien de bien sorcier, me direz-vous. Et pourtant, rappelez-vous du magnifique Ice Age, de Wedge également (abonné à Bluesky, apparemment, mais j'admets mon ignorance sur ce point), dont la trame scénaristique rassemblait simplement des animaux naturellement opposés dans un voyage à but simple : ramener le bébé à son père, lui aussi diamétralement opposé aux animaux. C'est ce que j'appelle de l'efficacité. Le message passe très bien. De ce côté, c'est donc à mes yeux une grande réussite, puisque les enfants sont tout à fait capables de lire le film, d'autant que les grands sont aussi servis en humour du second degré à la manière des Pixar™ (et je dois là encore admettre l'hégémonie et la parfaite maitrise, par les studios de mon très cher Steve, de cet art de la double lecture).
Mais Epic n'est pas un succès uniquement au niveau de l'histoire. Le design, les couleurs, la lumière, les textures, l'animation,… TOUT est absolument sublime dans ce film. Le cinéma d'animation va de plus en plus loin visuellement (ce qui n'est guère que logique, je l'admets, mais ça m'émerveille chaque fois un peu plus) et je n'irai pas jusqu'à dire que c'est le plus beau que j'aie vu (il me suffit de penser à Rango ou à La Légende des Gardiens pour hésiter sur ce point), mais il est bel et bien époustouflant.
Et il suffisait d'ajouter une graine de sérieux dans le tout, à laquelle je puisse m'identifier un tant soit peu, en le personnage du commandant Ronin, pour que la chimie soit parfaite. Son nom est à moitié bien choisi. Bien parce qu'il se bat au katana et que son armure surmontée d'un horo est très clairement inspirée de celles des guerriers d'orient. Mal parce qu'il est tout sauf renégat.
Pour finir j'ajouterai que la musique de Danny Elfman ajoute une touche de féérie au film, même si elle ne m'a personnellement pas enchanté autant qu'elle le fait généralement sur les films de Burton.
Bref, si vous n'avez pas peur de voir du vert, ce film est à conseiller à tout le monde, des plus jeunes aux moins jeunes. Yeux qui pétillent garantis !