Épouse-moi mon pote cible, par son humour ravageur, non l’homosexualité mais les clichés homosexuels constitutifs de l’image mentale d’une société et de ses citoyens. Et il faut reconnaître au film un vrai talent comique, tant au niveau de l’écriture de ses répliques que dans la construction dynamique de ses scènes : il pèche parfois par excès, certes, reproduit à la lettre le canevas habituel de la comédie-type, mais cela n’endolorie guère un plaisir de visionnage constant. Notons également que le traitement ludique accordé à l’amour n’est pas seulement un prétexte à un enchaînement de sketchs, mais porte surtout l’apprentissage de ses protagonistes qui trouveront, à terme, une harmonie avec eux-mêmes. Ainsi, en revêtant la robée de mariée destinée à une autre, la jeune femme découvre que la vie dont elle rêve tant ne se trouve guère dans les bras de son compagnon ; ainsi, en jouant l’homosexuel, l’ami va explorer une part qu’il enfouissait jusqu’alors dans la léthargie vidéo-ludique : la sexualité lui fera quitter le jeu virtuel (et son canapé) pour la danse, l’entrelacs des corps. Avec beaucoup de tendresse et derrière le rire corrosif, Épouse-moi mon pote dépeint l’amour homosexuel dans le cadre des cités, pose la question de la mixité culturelle et renvoie dos à dos les clichés inhérents à chaque culture. Le film n’épargne personne – pas même les aveugles – et c’est tant mieux.