Dix-sept ans après sa sortie, je visionne enfin ce film que j'avais mis dans ma liste d'envies depuis bien longtemps. Et je ne peux que recommander à quiconque de faire de même.
Inspiré d'une histoire réelle, vous aurez compris que le film retrace le procès contre PG&E (Pacific Gas an Electric Company), accusé, à raison, d'avoir pollué les eaux potables de Hinkley avec du chrome hexavalent. Cependant, au-delà de la prestation cinématographique de Julia Roberts qui lui a valu un Oscar de la meilleure actrice, et du passionnant sujet du militantisme écologique, encore d'actualité du fait des actions de multinationales comme Bayer ou Monsanto, je pense qu'il faut visionner ce film pour ce qu'il ne montre pas de prime abord.
Loin d'être un film conventionnel ou moralisateur, il nous offre un modèle d'héroïne comme il en manque cruellement encore aujourd'hui, celui d'une femme issue de la classe populaire, en situation très précaire, élevant seule ses trois enfants après que ses ex-maris soient partis, et qui devient la porte parole de ceux du commun, dispersés, laissés dans l'ignorance, sans voix. C'est ce concentré de fougue qui frise parfois la rage, d'empathie, de pure sincérité, mais sans pathos ni jugement, bref, de force morale, qui donne un aspect bien plus profond au film qu'il ne pourrait l'avoir en apparence. Erin est un vrai modèle de féminisme ; elle se fait la représentante visible de minorités opprimées, et hausse le ton contre le classisme et le sexisme qui gangrènent la société états-unienne.
Elle l'exprime elle-même, sans ambages ni cris : "You think the men who gave me those children asked me what I wanted before walking away? All I've ever done is bend my life around what men decide they need. Well, not now. I'm sorry. I won't do it."
Bref, une petite perle cachée.