La linéarité se prête bien à une adaptation d'histoire vraie. Ça tombe bien, car Soderbergh aime ça. Le résultat, une création divertissante que la vraie Erin Brockovich trouve fidèle à son histoire. Ce n'est pas gagné d'avance, un compromis comme ça.
La linéarité a par contre pour inconvénient de ne pas insister sur ce qui pourrait devenir des défauts ou des qualités. La réussite est assez haute en altitude, mais un paysage de plateau a quelque chose de monotone. On peut toutefois citer, pour le discrédit de cet argument, que les personnages sont érigés comme de monumentaux pitons à partir de leur base, donnant tout son piment à une Californie qui nous offre déjà un terrain de jeu pour la photographie. Quoiqu'on puisse encore arguer que les protagonistes sont le produit archétypal de l'érosion de leur réalité. Pour en finir avec ce jeu de ping-pong, il faut garder à l'esprit qu'un film est une œuvre commerciale censée divertir, et que celle-ci est crédible. Le mal ne vaut pas de se lancer dans une plaidoirie.
Distraire avec le sentiment de justice est un art maîtrisé par les Américains depuis des générations, et Soderbergh n'en dément pas le savoir-faire. Il n'est peut-être qu'un metteur en images avec le souci du tri, mais il arrive également à tirer le meilleur d'une Julia Roberts bien affinée dans un rôle qui ne la renouvelle pourtant pas beaucoup. Décidément, cette critique est toute en "oui mais". Pour en finir à la défense du film, on va mettre cet aspect sur le compte d'une histoire sachant manipuler les tribunaux, la paperasse et la vie dure avec juste les doses bénéfiques.
Quantième Art