Les Chevaliers du Zodiaque : Éris - La Légende de la Pomme d'or par Ninesisters

La Légende de la Pomme d'Or a ouvert la voix à la production d'une série de films inédits adaptés de Saint Seiya, afin du profiter de l'énorme succès de la série à l'époque. Cet anime va mettre en place le schéma simple qui sera plus tard repris pour Les Guerriers d'Abel et Le Temple de Lucifer : celui de la déité ressuscitée à combattre dans un temple en ruine pour sauver Athéna. Le tout en un temps record et en prenant soin d'éliminer au passage quelques sbires. Pour le coup, cela pourrait presque paraitre original, mais cette trame aura finalement été tellement utilisée – et parfois de manière plus adéquate – que ce film nous semble aujourd'hui bien quelconque. A vrai dire, La Légende de la Pomme d'Or souffre énormément de la comparaison avec les deux meilleurs films de la série – Les Guerriers d'Abel et La Bataille des Dieux – ainsi que de quelques erreurs d'alors, comme celle d'avoir voulu impliquer le mangaka Masami Kurumada plus que de raison.

Pourtant, tout commence plutôt bien, par une gentille scène de la vie quotidienne de Shun, Seiya, et Hyoga. Quand ils ne combattent pas pour sauver le monde, ces trois-là mènent une existence paisible, et ce jour-là, ils ont décidé de rendre visite à l'orphelinat de Miho, dans lequel Seiya a passé son enfance. Là, nous découvrons un personnage inédit nommé Eri, qui semble éprouver une certaine affinité pour Hyoga. Cette entame est assez amusante grâce au contact avec les enfants de l'orphelinat – déjà apparus dans la série – et presque touchante par son tête-à-tête entre Eri et Hyoga, malheureusement bien trop court. C'est ensuite que les choses se gâtent, quand Eri devient le réceptacle humain de la Déesse grecque Eris.

Eris était la Déesse de la Discorde. Sœur d'Arès selon les versions de la mythologie, son principale fait d'arme reste d'être indirectement la cause de la Guerre de Troie. Fâchée de n'avoir été invitée au mariage de Pélée et Thétis (les parents d'Achille), elle met en jeu une pomme d'or – la Pomme de la Discorde – qui doit revenir à la femme la plus belle. Hera, Athéna, et Aphrodite se disputant cet honneur, Pâris – fils du roi Priam de Troie – est choisi comme « main innocente » pour décréter laquelle mérite la pomme. Chacune essaye de s'attirer les bonnes grâces du jeune homme, et c'est finalement Aphrodite qui l'emporte en promettant à Pâris de lui offrir Hélène, femme du roi Ménélas, lui-même frère du roi Agamemnon. Pâris récupère Hélène puis rentre à Troie, cela déplait fortement à Ménélas et Agamemnon, les Dieux s'en mêlent, pour la suite prière de se référer à L'Iliade.

Eris revient sur Terre, fait sortir un temple en ruine du sol, ressuscite quelques anciens Chevaliers d'Athéna du genre renégat, et capture Athéna en tant que seule déesse qui lui passe sous la main. Comme elle aime les défis, elle avertit les Chevaliers de Bronze qu'elle retient prisonnière Saori et qu'ils doivent affronter sa nouvelle garde de judas personnels pour la délivrer. Mauvaise idée à posteriori, puisqu'ils n'avaient aucune idée d'où elle se trouvait et qu'elle aurait pu s'en débarrasser tranquillement sans qu'ils s'en aperçoivent ; au lieu de quoi c'est plutôt elle qui va y passer. La suite ne surprend pas si vous connaissez Saint Seiya : affrontements, le premier et le dernier adversaire pour Seiya, Shiryu se déshabille (Jacob de Twilight avant l'heure), Shun appelle son frère à l'aide, Hyoga souffre émotionnellement, armure du Sagittaire, flèche dans la tronche, générique de fin, tout le monde est heureux.

Le modèle fera école, malheureusement il sera largement surpassé lors d'un 3ème opus qui verra au-delà des combats et du scénario basique. La Légende de la Pomme d'Or ne tient tout simplement pas la comparaison, à tous les points de vue ; hormis la musique, toujours aussi somptueuse d'un film à l'autre.
Là où cet anime pèche le plus, c'est probablement au niveau des personnages. A l'époque, tous les antagonistes de type « chair à canon » était des Chevaliers, et à ce moment précis des Chevaliers d'Argent. Et pour concevoir ces nouveaux Chevaliers, c'est Masami Kurumada en personne qui va s'y coller. Je ne dirais pas qu'il n'a fait aucun effort, mais une des forces de tous les films suivants sera finalement de proposer des combattants qui justement changent de ce que nous pouvons voir dans la série, à la fois dans leurs origines, leurs styles, et évidemment leurs armures. Ici, nous avons l'impression de voir des sous-armures de Chevalier d'Argent, aux traits un peu grossiers... Et le pire, c'est que comme il est un peu fainéant, Masami Kurumada n'hésitera pas à reprendre deux de ces armures pour son manga, en les affinant légèrement au passage. Pour peu que le spectateur voit ce film après avoir lu le manga, il risque fort de trouver que ses auteurs se sont royalement foutu de la gueule du monde.

La Légende de la Pomme d'Or aurait été le seul et unique film de Saint Seiya, il aurait paru plus que convenable. Hélas pour lui, d'autres lui succéderont, certains reprenant la même recette mais en l'améliorant. Forcément, si nous le plaçons d'un point de vue global, il perd énormément de son intérêt. Il n'est pas non plus insoutenable à regarder, loin de là, mais il s'avère extrêmement plat, prévisible au possible, et hormis Eris il peine à proposer des opposants réellement marquants. A part pour un mordu de Saint Seiya, ce sont 45 minutes qui peuvent être utilisées à meilleur escient.
Ninesisters
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le 4 mars 2012

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