Dès le début, j’ai été conquise par cette scène d’ouverture magistrale où les souriceaux frémissent à l’arrivée de la surveillante de dortoir, qui apparaît alors aussi terrifiante que le Grand méchant Ours qu’elle décrit.


A la surface, il y a le monde des ours, où Ernest, musicien fauché, vit à l’écart des autres et vole pour survivre. En dessous, il y a celui des souris, où Célestine refuse de croire tout ce qu’on lui apprend sur ces grosses bêtes poilues. La rencontre entre cette souricette intrépide et cet ours aussi grognon qu’attachant va alors bouleverser l’ordre établi par ces deux mondes qui se haïssent. Car si Ernest et Célestine ont volé une camionnette, braqués un magasin de bonbons et un magasin de dents, leur plus grand crime est d’être ensemble.


Petit à petit, Célestine, bien trop mignonne avec ses petites oreilles et la douce voix de Pauline Brunner va apprivoiser l’ours que fait grogner Lambert Wilson. Les deux artistes marginaux, l’une passionnée de dessin, l’autre de musique vont cohabiter loin des préjugés de leurs congénères dans une petite forêt à l’écart de la ville et échanger de tendres moments de poésie.


En plus d’être un plaidoyer pour la tolérance, montrant avec une douce amertume le racisme de ces sociétés, ce film déborde d’inventivité. Les dessins à l’aquarelle de Benjamin Renner font naitre des personnages touchants, espiègles, parfois effrayants ou ridicules. Contrairement aux images numériques des blockbusters Disney, chaque décor semble avoir été entièrement dessiné à la main par des traits souvent inachevés. Les rythmes se succèdent et exploitent le dessin artisanal avec magie, entre courses poursuites effrénées avec les gendarmes et moments suspendus où un dessin de Célestine prend vie, passant touche par touche de l’hiver à l’été.


Le monde sous-terrain des petits rongeurs est selon moi la plus belle réussite du film. Cette petite société grouille d’humour et d’imagination, adaptant avec malice les coutumes humaines aux capacités des souris.


On ne s’ennuie donc pas un seul instant, car si les seuls dessins suffisent à nous faire craquer, les dialogues savoureux de Daniel Pennac ou la musique de Vincent Courtois l’enveloppe d’une tendresse malicieuse.


Bref, film sans âge, les enfants ne seront pas les seuls à savourer ce dessin animé entre enchantement visuel, poétique et politique.

plss
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le 3 avr. 2017

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