Plus le temps passe et plus l'avenir de l'animation à la française semble se présenter sous les meilleurs auspices. Ernest & Célestine vient confirmer cette tendance, en soulignant ce savoir-faire marqué d'indépendance, d'originalité et de poésie. Le trio Aubier, Renner et Pater nous propose ici l'adaptation cinématographique des héros de livres pour enfants créés par la Belge Gabrielle Vincent.

Le pari était plutôt risqué puisque le public habituel des livres est composé avant tout de très jeunes enfants, il y avait donc de fortes chances que le film ne retrouve que ce public dans les salles. C'était sans compter sur la présence de Daniel Pennac au scénario et aux dialogues, il a su mettre ses talents de pédagogue et d'écrivain pour enfants au service d'une histoire, ou plutôt d'histoires superposées les unes sur les autres sans que cela soit flagrant, chacune d'entre elles étant accessible et destinée à un public différent.

Ernest l'ours donc, vit à la surface à l'écart des autres ours, il est pauvre et a besoin de voler pour subsister. Célestine la souris, vit sous le sol, elle ne croit pas que les ours à qui elle vole leurs dents tombées, sont aussi méchants qu'on le leur apprend. Les événements vont peu à peu rapprocher Ernest et Célestine pour finalement les rendre inséparables. Les enfants trouvent totalement leur compte avec un gros ours mal léché mais si gentil, une petite souris adorable et une histoire universelle d'amitié. Les adultes réfléchissent devant cet appel à la tolérance, tellement frappant lorsque le peuple des souris et celui des ours débitent, les uns sur les autres, des préjugés comme on enfile des perles. Qu'il est par exemple frappant, d'entendre Ernest refuser chez lui la présence de Célestine au prétexte qu'une souris, quand il en vient une, il en vient mille ! S'ajoutent à cela les questions du rapport à l'autorité, de la pauvreté, de la légitimité de voler lorsqu'on meurt de faim, autant de questions qui, en période de fêtes, frappent particulièrement.

L'animation est une réussite visuelle absolue, tout en respectant le graphisme originel des ouvrages, elle vient ajouter un supplément d'âme et de poésie en jouant la carte de l'originalité et de la personnalité. Les décors surtout sont frappants et rappellent clairement les livres pour enfants en oubliant parfois d'occuper tout l'écran, en jouant sur le blanc et le vide. Qu'il est agréable également de constater que certains savent encore faire de la belle aquarelle, les couleurs en ressortent magnifiées et font apparaitrent tous ces petits détails qui font le charme du monde des souris. Ce monde sous-terrain est la plus belle réussite du film, bourré d'imagination et d'humour, il adapte à merveille les us et coutumes des hommes aux possibilités et aux caractéristiques des souris.

Au final, Ernest et Célestine est une merveille de poésie, d'imagination et d'humour, il transcende les thèmes qu'il aborde de la plus belle des manières, celle de l'imagination. Sans prétendre atteindre son niveau, il se place dans la lignée d'une oeuvre comme Le Petit Prince, une oeuvre universelle, accessible à tout âge et que l'on redécouvre à chaque fois.
Jambalaya
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le 3 janv. 2013

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