Un décor pastel : un refuge plein de bon sens.

Entre album, comptine pour enfant et discours social, Ernest et Célestine invite à la douceur, aux rires et surtout, au partage.

Refus de la différence et désir de liberté, le récit se place du côté des marginaux, de ceux qui dérangent par le bruit ou par l'inefficacité. Ernest est un homme orchestre qui reçoit des amendes pour tapages diurnes alors qu'il n'a même pas de quoi se payer une confiserie, Célestine aime dessiner et passe son temps à rêver plutôt que de collecter des dents dont elle n'a que faire. Ce duo aurait pu faire la paire si seulement ils n'avaient pas été si différent dans leurs gênes.

Ernest et Célestine c'est le récit de l'amitié qui aurait pu exister entre le Grand Méchant Loup et le Petit Chaperon Rouge si seulement le Loup n'avait pas eu si faim et si seulement les codes sociaux n'avaient pas décréter absurdement que les loups devaient manger les petites filles. Mais Célestine est courageuse, perspicace, maline et réfléchie. Loin d'une effronterie sans bornes elle fait ce qu'il lui plaît, et ce qu'il lui plaît c'est l'autre, c'est le partage, c'est la douceur. Et Ernest n'est pas cruel : il a faim et il est malheureux. Il souhaite avant tout faire rire, raconter des histoires, donner à autrui des mets qui remplissent le cœur et non la panse. Ce sont deux amoureux de la générosité à qui l'on n'offre rien.

Ce n'est décidément vraiment pas que pour les enfants. Daniel Pennac "dénonce", questionne : La justice, la police, les commerçants, les institutions.

Une justice close sur elle-même régit par les peurs et non par les faits. On n'hésite pas à la rendre diabolique et infernale. Une police de la masse qui divise et ne fonctionne que dans la répression. Ridiculisée.
Un commerce de vice et de vertu. Georges sucre et gâte les enfants du quartier pour qu'un jour Lucienne, sa femme, leur vende des dents neuves. Léon, leur garçon, héritera des deux établissements, alors pas question pour lui de payer le prix fort, il sera privé pour mieux régner.

On est charmé et on sourit volontiers aux dialogues vifs et perspicaces portés par deux voix au diapason.
Lambert Wilson nous propose un ronchon tout doux au cœur tendre (l'image de l'ours en guimauve nappée de chocolat me vient à l'esprit) et Pauline Brunner donne à cette toute petite souris un aplomb et une douceur qui séduit, ravit et fait rire. Une musique de Vincent Courtois, des paroles de Thomas Fersen. C'est un univers magique qui oscille entre peinture, musique, conte, théâtre et jeux d'enfants. Dans un décor pastel, la poésie des images, des mots et de la musique est un refuge plein de bon sens.

On n'en ressort pas sans émotions.

Créée

le 15 juin 2014

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FranceLouve

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