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Errementari est un long métrage d'horreur fantastique franco-espagnol sorti en Espagne le 26 février 2018 et réalisé par Paul Urkijo Alijo.


Se passionnant pour la mythologie et les comic books, ce jeune metteur en scène né le 22 juin 1984 dans le pays Basque Espagnol effectue des études d'arts appliqués avant de se lancer dans la création de contenus audiovisuels avec pour style de prédilection le fantastique. Ses courts métrages Clavos, El pez plomo, Cuchillo, Mc Gregor y el Vasco, Jugando con la Muerte, Monsters do not exist, El Bosque Negro et Naara sont diffusés dans de très nombreux festivals et remportent un florilège de récompenses. Errementari, qui est son premier long métrage, ne voit le jour qu'en 2017 et fait lui aussi le tour des festivals : celui du Film de Catalogne, par exemple, mais remporte surtout le 28ème Festival du Film Fantastique et d'Horreur de San Sebastián en octobre 2017.


En France, il est fort probable que le public l'ait découvert en février 2018 grâce au Festival de Gérardmer OU parce qu'il a été produit par Alex de la Iglésia, grand nom du cinéma de genre espagnol au style baroque et décalé avec un goût prononcé pour l'humour noir, connu pour Le Jour de la Bête, 800 Balles, Le Crime Farpait, Balada Triste ou encore Les Sorcières de Zugarramurdi, et doit le lancement de sa carrière au soutien de l'immense Pedro Almodóvar, via sa maison de production El Deseo.



Enfer et damnation



Sur le papier, le projet est vraiment brillant : il s’agit d’adapter une légende du folklore basque datant d’avant 1903 en un conte horrifique et fantastique avec pour toile de fond une Espagne ravagée par la Guerre, prétexte à aborder des sujets controversés tels que la religion, la misère ou la pression gouvernementale. Malgré un petit budget, Paul Urkijo Alijo ne s’est refusé aucune coquetterie et notamment le concours du linguiste Koldo Zuazo pour que les acteurs puissent délivrer des dialogues dans un des plus ancien langage d’Europe occidentale, le basque traditionnel, ce qui favorise l’authenticité du récit et donc l’immersion dans l’univers proposé. De surcroît, les décors, costumes et maquillages nous font croire à ce XIXe siècle fictif mais aussi et surtout au surnaturel, en prenant volontairement le contre-pied du cinéma d'horreur populaire actuellement et son avalanche de créatures en images de synthèse. On pourrait même supposer que si Errementari était sorti 50 ans plus tôt en Angleterre, il aurait pu passer pour une production de la compagnie Hammer, dont les films de monstres ont fini par atteindre un statut culte.


Tout ces qualités sont évidemment sublimées par une photographie minutieuse : à grands renforts de réflexions, gélatines colorées et rayons volumétriques, Errementari est très bien éclairé, notamment dans ses séquences de nuit, qui représentent habituellement un vrai défi technique ; mais il est également très bien étalonné, alternant des gammes de couleurs tantôt froides et désaturées, tantôt chaudes et vibrantes mais pas chaleureuses pour un sou, plutôt démoniaques au contraire, et joue sur les noirs bouchés, ce qui donne du relief aux environnements tout en sublimant de nombreux contre-jours.


Avec ce film, Paul Urkijo Alijo nous prouve qu'il est définitivement un réalisateur à suivre de près. Néanmoins, il est irréaliste de penser qu'Errementari accédera un jour au rang d'incontournable, déjà parce qu'il souffre de la comparaison avec Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Toro, œuvre effectivement similaire sur plusieurs aspects mais disposant d'un charme autre, et puis parce qu'il ne sortira probablement jamais dans les cinémas hexagonaux, au regret des petits comme des grands qu'il aurait pu surprendre à illustrer croyances et superstitions méconnues en France, le tout dans un dialecte rarement utilisé au cinéma. Histoire de tout de même terminer cette critique sur une note positive, le film est heureusement disponible sur Netflix, alors bon visionnage !


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AnarchikHead
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le 17 nov. 2018

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