Je ne saurais m'expliquer cela, mais ça y est ; cette critique inaugure pour moi la découverte du cinéma de Yasujirô Ozu. C'est un peu comme Ingmar Bergman, c'est un cinéma qui me refroidissait un peu de par sa majesté, de par son importance, et je ne savais pas vraiment par quel bout le prendre.
J'ai donc commencé par ce que je pense être une très bonne porte d'entrée, à savoir Été précoce.


Noriko est une jeune femme de 28 ans qui est encore célibataire ; et bien entendu, être célibataire à cet âge-là, surtout au Japon à cette époque, c'est à la limite du déshonneur qui tombe sur la famille.
C'est donc pour remédier à cela que sa famille (frère, soeur, parents, grands-parents), ses amis et même son patron s'affairent pour lui présenter un beau parti. Mais Noriko n'en a que faire ; ce qu'elle veut, c'est être libre.
Illuminé par la beauté et le sourire constant de Setsuko Hara, Noriko est un très beau personnage, qui représente quelque part la modernité post-guerre qui commence à poindre au Japon, avec ces jeunes gens qui veulent s'émanciper et rompre avec cette tradition qui est de se marier pour perpétuer la lignée, et pas forcément par amour au départ. Non, elle est une femme active, qui prend son prend pour travailler en tant que secrétaire sur Tokyo, elle n'en a que faire que ses amies soient mariées. Féministe avant l'heure, je ne sais pas, mais elle sait ce qu'elle veut. Et surtout pas se marier comme tout le monde la pousse.


Malgré un manque de rythme, car les deux heures auraient pu être resserrées, le film parle très bien du Japon de 1951, qui veut à la fois regarder de l'avant, et avoir un œil sur ses traditions. On voit bien que le célibat de Noriko est vécu comme une honte, comme si être vieille fille était une tare en soi.
Il y a des moments plus légers avec ses deux neveux qui ne font que des bêtises, mais il règne quelque pesant de pesant, de l'ordre de l'amertume sur ce très beau film, dont il faut aussi souligner la qualité de la mise en scène, s'autorisant des travellings latéraux de toute beauté, dans un noir et blanc somptueux.

Boubakar
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le 20 nov. 2018

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