Très beau film que cet Eternal Sunshine of the Spotless Mind. J’avais beaucoup aimé La Science des rêves de Michel Gondry et j’ai retrouvé ici tous les ingrédients qui m’avaient plu avec une grosse touche non négligeable d’émotion en plus. A travers un univers aigre-doux et onirique, le cinéaste a réussi à retranscrire avec génie la passion amoureuse dans toute sa beauté, sa douleur et finalement sa complexité. Plus le film avance et plus les enjeux sont perceptibles, on comprend ce qu’il s’est passé et on ressent cette envie de voir le personnage de Jim Carrey se sortir de ce système d’effacement de mémoire qu’il a lui-même désiré. L’opposition raison/passion a souvent inspiré les cinéastes mais je ne l’avais vu sous cet angle original, celle d’une balade totale dans un esprit qui est sur le point d’être privé de certains éléments à tout jamais.


Et cette balade à travers l’esprit et le temps fonctionne à merveille grâce à cette mise en scène ingénieuse de Gondry et son atmosphère envoûtante. J’ai vraiment l’impression que le sentiment amoureux n’a finalement jamais connu plus belle illustration au cinéma qu’à travers le souvenir. Car après tout le souvenir se dessine dans nos têtes sans aucune limite matérielle ou physique tandis que les mots et les gestes ne suffisent pas à décrire exactement le sentiment amoureux. Et Gondry parvient brillamment à nous faire ressentir la force de ce sentiment et cette sensation de fuite. Sa maîtrise de l’image au service de la narration est particulièrement louable. Sans compter les nombreux passages hallucinés lorsque le souvenir est en cours d’effacement ou encore cette scène incroyable du bain dans l’évier. En mêlant le comique au dramatique, Gondry parvient à rendre cet univers vivant, sans trajectoire unilatérale.


Le film est globalement très bien écrit, ce qui souligne d’ailleurs la réussite de cette représentation du souvenir et du sentiment amoureux. Et on croit aux personnages et à leur relation, ce qui est primordial pour éprouver de l’empathie et se plonger parfaitement dans le récit. Jim Carrey et Kate Winslet forment ici un duo inoubliable. Le film soulève également la thématique de la perception que l’on peut se faire de son passé, notamment amoureux, sur le fait de se focaliser uniquement sur les bons ou mauvais souvenirs. Finalement, c’est notre vécu nous fait grandir, apprendre, mûrir. Le bonheur et la douleur forment un tout et les dissocier n’est pas forcément une chose positive. Eternal Sunshine of the Spotless Mond illustre bien ce point et ce qui peut être grisant peut aussi révéler sa part de beauté. Et au fond, c’est bien ça le plus important. Un superbe film, j’ai été vraiment touché.

Moorhuhn
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le 3 août 2015

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