Une amie sans expérience me demandait recemment ce que c'était, réellement, d'être en couple, d'aimer, d'être amoureux. Le prochaine fois, plutôt que de me perdre dans mes vaseuses descriptions, je lui envoie directement le lien vers Eternal Sunshine. Parce que c'est peut-être ça, aimer, c'est peut-être ça, "vivre avec". J'ai mis bien du temps à regarder ce film, comme tous ceux dont j'entends trop parler. Et puis, il faut bien le dire, l'affiche avait l'air si niaise. Alors, crétin, ce film ? Sous des abords simples, sous un scénario qui ressemble à tant d'autres ("gnagnagna, ils s'aiment ils s'aiment plus ils se re-aiment"), Eternal Sunshine c'est surtout un film poignant de réalités amoureuses... Eh ouais : dans la vie, on rencontre des gens, des gens qui nous font peur tellement ils nous remuent, des gens qui nous secouent si forts qu'ils finissent par pénétrer la moindre parcelle de nos cerveaux. Eternal Sunshine of the Spotless Mind, c'est surtout l'histoire du couple quand il passe de l'état amoureux à l'état d'amour. Clementine est fatiguante et insécure, Joel trop sérieux et silencieux. Aucun des deux n'est cette terrible enveloppe d'illusions dont on emballe les coups de foudre, les coups de coeur, les coups de chance... Mais coup de bol, s'aimer c'est cela : mettre à nu, et aimer quand même. "Je ne suis pas un concept" : la fragilité de Clémentine derrière cette phrase, c'est la volonté de chacun d'être aimé avec ses peurs, ses angoisses, ses crises de larmes, ses silences, ses choses si chiantes qui font de nous...Nous. Et aimer, c'est ça : filer sous un drap avec Tangerine, l'entendre raconter ses traumatismes, laisser pénétrer l'autre tout au fond de nous, même là où ça fait très mal. C'est cela, l'amour. Cela, ou l'oubli.
Bon... Maintenant que j'ai bien les larmes aux yeux, on va passer à autre chose : Eternal Sunshine c'est aussi une des rares opportunités de voir au cinéma des personnages profonds hors des classiques héros de nos grands écrans ! Une héroïne qui a plus à offrir au spectateur que son simple état d'intérêt romantique du héros, un héros bien loin des standards de la masculinité classique. La photographie du film est typique de Gondry, tout en onirisme, touchant parfois à la tranquille épouvante.
En clair : aimer, c'est ça, le cinéma, c'est ça aussi.